Actes des Apôtre

Après une belle excursion dans les psaumes, nous voici de retour dans le Nouveau Testament avec le livre des actes. C’est le moment d’avancer dans l’histoire,  après avoir lu les quatre récits de la vie de Jésus, nous reprenons avec l’ascension de Jésus.

Les Actes font suite à l’évangile de Luc, et sont donc également attribué à Luc, médecin et proche collaborateur de l’apôtre Paul. Comme dans l’évangile, Luc fait un travail d’historien, et il est très précis sur les détails géographiques, administratifs et même techniques (notamment le vocabulaire de la navigation et le vocabulaire médical). Mais il ne fait pas que lister des détails, il présente aussi une compréhension de ce qui s’est passé. Dans l’évangile, l’histoire converge vers Jérusalem ; dans les actes, elle part de Jérusalem et s’étend de manière concentrique, selon le programme donné par Jésus en Actes 1.8 : « vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. ».

Les Actes racontent en effet comment les disciples de Jésus vont se faire les porteurs de son message de plus en plus loin. En plus de cette questions géographique, il y a aussi un enjeu ethnique : le message du salut n’est-il que pour les juifs ? Les païens sont-ils concernés ? A quelles conditions ? Les actes montrent comment l’Église en est arrivée à comprendre que l’Évangile était pour toute les nations. Cela ne s’est pas fait tout seul, mais Dieu a du agir de manière retentissante à diverses étapes pour faire comprendre ce qui était entrain de se passer.

D’ailleurs, le titre d’Actes des Apôtres n’est pas forcément celui que Luc voulait donner. L’attention se porte en effet en partie sur les apôtres, mais on peut relever à bon droit que les personnages principaux sont tout autant la Parole de Dieu qui progresse et l’Esprit qui agit. Les acteurs humains ont un rôle, il ne sont pas télécommandés, mais ils ne remplacent pas l’initiative divine.

Les actes montrent aussi de nombreux et grands discours, qui montrent comment les premiers chrétiens ont présenté et défendu leur foi devant leurs contemporains. Il est particulièrement intéressant de voir la différence entre Pierre qui prêche à des Juifs en Actes 2 (ou Paul en Actes 13), et la prédication de Paul aux Athéniens en Actes 17.

Bref, les Actes nous montrent comment Dieu a continué d’agir dans son Église après l’ascension du Christ. Il l’a fait grandir, il lui a fait comprendre les implications de ce qui s’était passé, il l’a employée pour faire progresser son message au milieu des difficultés et des oppositions. Les Actes font partie de l’histoire et aident à situer l’Église. Ils montrent aussi des attitudes de chrétiens dans un contexte non-(ou dé-)christianisé, ce qui est de plus en plus pertinent pour notre époque.

Jean-René Moret

Toujours utile pour bien suivre, la carte des voyages de l'apôtre Paul

Toujours utile pour bien suivre, la carte des voyages de l’apôtre Paul

Deutéronome ou le grand briefing

briefingEncore une loi ? Encore une fois ? Deutéronome signifie littéralement « seconde loi » et c’est en fait, une répétition de la loi, un « grand briefing ».

Pour le contexte : le peuple d’Israël a reçu la loi dans le désert, mais comme il n’a pas écouté les espions qui l’encourageaient à conquérir le pays de Canaan, Dieu le condamne à errer pendant 40 ans dans le désert. C’est juste à la fin des 40 ans que se situe le Deutéronome : Dieu parle à Moïse et lui répète la loi pour qu’il la répète au peuple ou plutôt qu’il informe la nouvelle génération de la loi de l’Eternel.

Ce briefing est tout à fait passionnant : on pourrait le qualifier de « mise en projet » pour le peuple d’Israël. Le projet, c’est de vivre comme un peuple tout à fait spécial parce que mis à part par le seul vrai Dieu, qui donne à son peuple une loi complète. Davantage que l’Exode, le Lévitique ou les Nombres, le Deutéronome explique le pourquoi des lois qu’il proclame. Il s’agit avant tout d’apprendre à connaître qui Dieu est et quels sont ses idéaux pour une société gouvernée par le respect de Dieu, du prochain et de l’environnement. Il s’agit d’ancrer en Dieu les principes de l’éthique de vie, et pour le peuple de s’approprier la loi et les raisons qui poussent Dieu à la vouloir ainsi (24.17-18). Cette société doit être tellement juste qu’elle fasse envie loin à la ronde et soit un exemple pour les peuples alentours. Pour que cela fonctionne, cependant, des mesures radicales contre le mal sont ordonnées et le refrain « afin d’éradiquer le mal du milieu de vous » revient fréquemment.

Le Deutéronome jouit d’une place spéciale dans la culture juive et dans le Nouveau Testament. C’est d’abord le livre qui contient la « déclaration de foi » fondamentale du peuple, appelée aussi Shema (écoute !) : « Ecoute Israël, l’Eternel notre Dieu, l’Eternel est le seul Eternel » (6.4, pour la traduction la plus probable). Il n’y a pas d’autre dieu qui existe réellement. Ensuite, c’est aussi le livre le plus cité par Jésus, notamment lors de la tentation au désert (Luc 4). D’ailleurs, les Juifs de son temps avaient compris que le lointain prophète annoncé par Moïse (18.15) serait le Messie d’Israël…

Enfin, quelques autres lois et principes passionnants. On apprend par exemple dans le Deutéronome que :

  • Dieu prévoit un lieu central pour que son peuple lui rende un culte (12) et limiter ainsi au maximum le risque d’idolâtrie ;

  • les dîmes sont des cadeaux offert au Seigneur, mais aussi des occasions de se réjouir et de profiter des dons de Dieu (13);

  • que lors de conflits sociaux, l’Eternel est l’instance d’appel suprême (15),

  • etc.

La grande idée du Deutéronome, idée qui n’a rien perdu de sa pertinence pour nous qui vivons sous la Nouvelle Alliance, c’est que les principes de l’éthique de Dieu doivent être fondamentalement ancrés dans l’entier de l’homme et de la femme : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (6.5). L’amour est donc le moteur de l’obéissance : ainsi en va-t-il aujourd’hui encore. De plus, cet amour dispose d’un soutien de poids : le souvenir de l’action de Dieu dans l’Histoire de son peuple et dans nos histoires personnelles. Le Deutéronome est un livre d’exhortation à se souvenir, à intégrer, à aimer et à agir pour le bien de tous et devant Dieu. Qui pourrait suggérer que ce n’est pas TRES actuel ?

Nombres

Balaam Le livre des Nombres n’est pas le plus connu de l’Ancien Testament ; souvent on sait approximativement que la Genèse parle du début du monde, Exode de la sortie d’Égypte et que Lévitique regroupe des lois arides et peu intéressantes (ceux qui suivent depuis le début verront tout ce qu’il y a d’approximatif et de cliché dans ces a priori), mais concernant les Nombres, on ne sait pas forcément d’emblée de quoi il retourne.

Ce livre tire son nom des quelques dénombrements qu’il comporte, mais (heureusement) il n’y a pas que cela. Le livre des nombres à une grande part historique, qui se situe entre la sortie d’Égypte (Exode) et l’entrée en Canaan. C’est là que l’on voit les espions inspectant Canaan et le refus du peuple d’Israël d’y entrer (chapitres 13 et 14), les 40 ans d’errance dans le désert, ainsi que le fameux épisode de Balaam et son âne qui parle (chapitres 22 à 24). En outre, on trouve aussi divers épisodes de récrimination et de révolte contre l’autorité de Moïse voire celle de Dieu, ainsi que la manière dont Dieu y répond. Entremêlées dans le tout se trouve aussi un certain nombre de prescriptions, parfois des rappels ou des précision sur ce qui a été dit précédemment, parfois des nouveautés, et parfois des réponses à des situations concrètes.

 

En plus de l’avancée dans l’histoire, les Nombres nous montrent une problématique importante : comment un Dieu saint vivra-t-il au milieu d’un peuple rebelle ? Les Nombres racontent maintes fois l’alternance entre la colère de Dieu qui pourrait détruire le peuple en entier, et sa grâce qui permet malgré tout que l’histoire du peuple de Dieu se poursuive. C’est ainsi une miniature de l’histoire de l’humanité avec Dieu, entre la révolte radicale de l’homme et la volonté de Dieu de malgré tout racheter, pardonner et sauver un peuple au milieu de cette humanité pervertie.

Les Psaumes

Une représentation de David jouant de la musique

Une représentation de David jouant de la musique

Le livre des psaumes, c’est la prière du peuple de Dieu depuis 3000 ans.

Il s’est constitué au fil des siècles comme un répertoire de prières et de chants liturgique du peuple d’Israël. Un bon nombre de psaumes sont attribué à David (la majorité des psaumes de 1 à 72) ou à ses contemporains (par exemple Asaph, psaumes 73 à 83). D’autres sont anonymes, et l’ensemble s’étale au moins jusqu’à l’exil à Babylone (référence du psaume 137).

Les psaumes couvrent toute une variété de circonstances et d’émotions. Certains sont des psaumes écrits dans la détresse, et on peut souvent reconnaître la structure : « rappel de la fidélité passée de Dieu – expression de la détresse présente – affirmation de la confiance en Dieu et en son action pour sauver ».

D’autres psaumes ont été écrit par David ou Salomon en lien avec leur propre règne, mais en même-temps l’Esprit Saint leur attestait que ce n’était pas que pour eux mêmes. Ces psaumes dit messianiques annonçaient la personne du Christ et ce que lui-même réaliserait (psaume 2, psaume 22, voir le regard d’actes 2.30-31).

On voit aussi d’autres psaumes où le psalmiste demande la destruction de ses ennemis et al vengeance de Dieu contre eux. Cela peut nous sembler fort peu évangélique comme attitude, mais cela nous rappelle aussi la colère et la haine de Dieu contre le mal et le péché, que nous oublions si facilement. Et les sanctions que ces psaumes appelaient, c’est finalement Jésus-Christ qui les a prises sur lui lors de sa crucifixion (vision exprimée dans un ouvrage de Dietrich Bonhoeffer :Introduction au livre de Psaumes Brepols, 1995).

Les psaumes sont aussi pour certains louange à Dieu pour le don de sa loi et pour la présence au milieu de son peuple. D’autres rappellent sa grandeur dans la création, ou expriment la reconnaissance suite à la délivrance.

Dans toute leur variété, les psaumes ont formé la nourriture de la prière d’Israël et de l’Église des siècles durant. Ils peuvent nous aider à mettre des mots sur nos besoins, nos émotions, et nous conduire dans notre propre prière.

Prenons le temps de les méditer, et n’hésitez pas à partager la manière dont al lecture des psaumes vous rejoint – ou pas – dans votre propre vie de foi et de relation avec Dieu.

Jean-René Moret

Le Lévitique

priest-offering-sacrificeSouvent mis de coté, car trop obscur, trop rituel et trop décalé face à notre réalité ; et parce que de toute façon nous « ne sommes plus esclave de la loi », ce livre reste pourtant fondamental pour nous qui ne sommes ni Juif, ni lévites mais chrétiens.

Et pourquoi ? Premièrement car Jésus a une fois prononcé cette parole1: « Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes: je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir; car, en vérité, je vous dis: Jusqu ‘à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul trait de lettre ne passera point de la loi, que tout ne soit accompli. »

Or de la loi et des 613 commandement qu’elle contient, 247 se trouvent précisément dans le livre du Lévitique! Ce livre est central et mérite donc une attention toute particulière.

Mais pas seulement sur les passages « faciles » sur l’amour du prochain, la justice pour l’étranger, l’intégrité dans le commerce, les dix commandements (qu’on retrouve presque tous dans le Lévitique), ou la proportionnalité des sacrifices suivant qu’on est riche ou pauvre. En effet, l’esprit d’amour et de justice qui ressort de ces lois sont des reflets de qui est Dieu est il est bon qu’on s’y intéresse particulièrement, mais cependant un lecture complète du Lévitique nous confronte à des passages corsés qui peuvent nous sembler à premier abord révoltant et pas du tout…chrétien.

Par exemple la loi du talion, les multiples raisons pouvant conduire à la lapidation ou la mise à mort et les lois sur l’impureté.

Alors que faire ?

Creuser, et chercher à comprendre précisément ces passages qui nous sont obscurs. Pour cela, voici plusieurs outils ou clés d’analyse pouvant être utile quand vous sècherez sur un passage…

Tout d’abord, partir de Mat 5 :17-19 en se rappelant que Jésus est venu accomplir la loi. Il est, par ses actes, par ses enseignement et par ce qu’il a vécu, l’accomplissement de la loi. Il est la clé nous permettant de chercher l’esprit de la loi, son sens profond et la manière dont Dieu veut qu’on agisse.

Deuxièmement, penser au contexte de la révélation, pour le Lévitique on vient de quitter l’ Egypte et Moïse se trouve sur le mont Sinaï au milieu désert lorsque « Le SEIGNEUR appela Moïse »2. Le peuple sort de plusieurs générations d’esclavage, maltraités, tués pour un rien ou le bon plaisir des égyptiens. Les hébreux sont traumatisés et ils ont désappris la valeur d’une vie humaine, et la force d’une communauté. Dieu au travers de Moïse et de la loi, va guider le peuple sur son chemin de sanctification.

Un grand nombre des lois dures du Lévitique viennent précisément réapprendre aux hébreux, qu’on ne tue ni ne blesse son prochain impunément, et que la vie à une immense valeur. Et s’il sera rendu fracture, pour fracture à celui qui blesse son prochain, c’est que son prochain (aussi l’étranger) à de la valeur! Il s’agit de l’aimer comme nous même, de voir en lui notre semblable. Pour Jésus ce commandement (avec celui d’aimer son Dieu) résume toute la loi.

Il y a aussi beaucoup de lois sévères qui font sens, s’il l’on pense à la nécessité de construire un communauté, un peuple saint. Pour cela, il est nécessaire d’avoir des rites communs, mais aussi un code moral et des pratiques communes, sans lesquels la communautés ne peut être solide ni durer. Le Lévitique en définit beaucoup et appelle à une radicalité dans leur application.

L’exemple de l’inceste et des punitions mortelles qu’il entraine est parlant car l’inceste est une pratique niant la nécessaire alliance des familles entre elles par le mariage, or ces alliances interfamiliales sont à la base de toutes communauté. La faute de la personne incestueuse est donc une menace pour l’ensemble du peuple, c’est un crime contre la communauté que le Seigneur s’efforce de bâtir. Le même raisonnement peut être fait pour l’adultère, ou les devins et sorciers, là aussi leurs pratiques sont un danger menaçant l’existence même de la communauté. Et puis on trouve aussi dans le Lévitique des commandements qui ne sont pas là pour condamner ce qui menace la communauté mais simplement pour la renforcer, l’unir par des pratiques et des règlements communs. Ces commandements sont parfois arbitraires, et parfois il faudra ce contenter comme explication du simple et claire « Je suis le Seigneur » que nous propose le Lévitique. C’est un appel à suivre dans l’obéissance les règles de Dieu, et donc un appel à la confiance.

Troisièmement, le sens de la loi est parfois assez basique et concerne la vie de tous les jours. Certaines lois relèvent par exemple du simple principe hygiène ou de prévention de contagion. Ces lois visent à protéger physiquement la communauté des dangers de maladie.

Le Lévitique contient encore des lois qui ne nous concernent pas directement et qui sont à destination des sacrificateurs. Dans ce cas on peut chercher parfois des interprétations symboliques dans les animaux à sacrifier et les gestes à effectuer par le sacrificateur. Mais ce qui est le plus important est de saisir la fonction du rituel institué et la position du sacrificateur, qui est un médiateur entre le peuple et son Dieu.

Et parce que le Lévitique reste déroutant, même avec ses clés d’analyses, il y a deux couples de notion à bien comprendre, faute de quoi on risque d’errer longtemps sur des phrases qui nous semblent impénétrable. Je veux parler des notions de pur et d’impur ainsi que de Saint et profane

Impur n’est pas immoral en soi, c’est d’agir comme si on était pur alors qu’on ne l’est pas qui est condamnable. L’impureté empêche la relation rituelle avec Dieu mais elle est normale, elle fait partie de la vie des humains. L’état de pureté est, entre autre, un état où l’on est prêt à être soi entièrement en relation avec Dieu, où notre esprit est tout entier tourné vers lui et pas vers des problèmes de ce monde. Lorsque on pense l’impureté ainsi on comprends mieux pourquoi la femme qui accouche est impure3 (ses pensée sont tournées vers son enfant,), tout comme l’homme qui a eut une éjaculation4 (ses pensées sont tournés vers l’objet de son fantasme…).

La notion de Saint est aussi très importante à saisir. « Parle à toute la communauté des Israélites ; tu leur diras: Vous serez saints, car moi, le SEIGNEUR, votre Dieu, je suis saint. »

La sainteté, elle aussi, n’est pas une valeur morale, mais l’attribut de Dieu. Ce qui est saint c’est ce qui est différent, complètement autre. Ce qui appartient à Dieu est saint, à commencer par son nom.

Dieu est complétement autre et nous appelle nous aussi à nous sanctifier, c’est à dire à nous différencier en agissant selon ses lois.

J’espère que ces quelques lignes vont vous aider et je vous souhaite un lecture inspirée !

Hervé Roquet

Et avant que j’oublie et il reste une clé d’analyse très utile pour le Lévitique, c’est la clé de l’humour 😉

Lévitique 13 :40 s’y prête bien… «Lorsqu’un homme aura la tête dépouillée de cheveux, c’est un chauve: il est pur. »

1Mat 5 :17-18

2Lv 1 :1

3Lévitique, Chapitre 12

4Lévitique Chapitre 15

L’Évangile de Jean

Une représentation du Bon Berger, images tirée de l'Évangile de Jean

L’évangile de Jean est nommé de par son auteur présumé, Jean, le disciple de Jésus, frère de Jacques. Cependant, dans les dernières décennies, sa paternité de l’évangile à été remise en cause. Si l’auteur est discuté, la majorité des experts supposent que Jean a été écrit entre 70 et 100 après J-C.

Mais ces considérations ne sont pas primordiales. Ce qui est primordial est ce que le texte de l’évangile, parole de Dieu, va nous apprendre.

Le but de Jean est, comme il est dit en Jean 20.31, « Mais ce qui s’y (l’évangile de Jean) trouve a été écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous possédiez la vie en son nom. », que nous, ses lecteurs, ayons la vie éternelle. Magnifique perspective non ?

Pour nous convaincre et nous dépeindre le ministère de Jésus sur Terre, Jean aura une approche un peu différente de celle des autres évangiles (que l’on a regroupés sous le terme de synoptiques). Comparé aux synoptiques, Jean se distingue sur plusieurs points :

  • Jésus est, tout de suite (dès le prologue), décrit comme le Messie par ses différents titres messianiques,
  • Jean présente le ministère de Jésus d’une manière plus thématique que chronologique et Jérusalem est le centre du ministère de Jésus tout au long de l’évangile,
  • Le contenu de Jean est singulièrement différent des synoptiques. On n’y trouve pas les paraboles si souvent utilisées dans les synoptiques, ni l’institution du repas du Seigneur (la cène), ni les enseignements du sermon sur la montagne de Matthieu. Ces passages pourraient paraître manquants, mais Jean insiste sur d’autres points. Les « Je suis » de Jésus ne sont soulignés que chez Jean, de même que des longs discours de Jésus par exemple.

Ainsi, Jean contient une christologie (théologie du Christ) développée sur un axe différent des synoptiques, ce qui en fait un évangile séparé des autres, non par la véracité des fait ou l’importance de son propos, mais par la manière dont il est présenté. Ceci à conduit certains à appeler l’évangile de Jean « évangile spirituel ». Cette appellation prend tout son sens lorsque l’on commence à lire le prologue de Jean (Jean 1.1-18) , magnifique description de Dieu, Jésus et de son plan rédempteur.

Alors que la lecture de cet évangile, dans sa différence, nous encourage et nous fortifie en Christ, fils de Dieu, notre sauveur à tous.

Yann Lehmann

Exode

Moïse avec les tables de la loi

« Les Noms » c’est le nom hébreux de l’Exode avant qu’une traduction grecque de la Bible (la Septante) ne pérennise le nom d’Exode. L’Exode, c’est le départ du peuple d’Israël en direction de la terre promise par Dieu.

Comment en est-on arrivé là ?

On avait, dans Genèse, quitté Joseph et sa famille en pays d’Égypte, et on retrouve, en Exode, un peuple d’Israël nombreux, qui s’est multiplié de générations en générations à partir de la famille de Joseph. A tel point qu’ils sont maintenant détestés des Égyptiens qui les ont réduits en esclavage. C’est ainsi que les Israélites crient à Dieu, qui répond à leur appel.

L’Exode, c’est Dieu qui se souvient de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Il leur a promis une terre et une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel.

L’Exode c’est Dieu qui se suscite un homme, Moïse, qui sera le berger de son peuple. Il révèle son nom, YWHW, l’Eternel, à Moïse. Il lui démontre son omnipotence et l’accompagne dans son rôle de libérateur et conducteur du peuple d’Israël.

L’Exode c’est Dieu qui éduque et prend soin de son peuple pendant quarante ans dans le désert. Il agit miraculeusement envers son peuple pour le protéger, le nourrir, mais aussi pour lui apprendre l’amour, la fidélité et l’obéissance.

L’Exode c’est Dieu qui conclut une alliance avec son peuple. Il donne ses lois à Moïse et écrit le décalogue (dix commandements) pour que son peuple connaisse et suive les voies de l’Eternel.

L’Exode c’est Dieu qui est présent auprès des hommes, qui intervient dans l’histoire, qui aime sa création et son peuple, qui maîtrise les événements. L’Exode c’est : « L’Eternel est un Dieu plein de compassion et de grâce, lent à se mettre en colère, et riche en amour et en fidélité! » (Ex 34.6)

En trois parties, Moïse, l’auteur présumé de l’Exode, nous décrit la libération des Israélites (Ex 1-18), la conclusion de l’alliance sur le mont Sinaï (Ex 19-24) et les institutions cultuelles, la façon dont le peuple allait vivre avec l’Eternel au milieu d’eux (Ex 25-40).

Que Dieu vous fasse découvrir combien Exode 34.6 est vrai au travers de votre lecture !

Yann Lehman

Luc

Le_bon_samaritain_jesus-moderne
La préface de l’Évangile de Luc nous donnes plusieurs informations intéressantes. Luc est conscient de ne pas être le premier à écrire au sujet de Jésus, il avait donc connaissance de textes écrits avant lui, ce qui explique les similarités avec les évangiles de Marc et Luc – la question de savoir s’il avait accès à ces évangiles ou plutôt à des textes plus primitifs reste ouverte.  Il s’est donné la peine de vérifier ses sources et a eu l’occasion d’interroger des témoins visuels. Il souhaite faire une exposition suivie des évènements, ce qui signifie qu’il organise aussi les données qu’il a à sa disposition. Luc souhaite faire un travail d’historien, il donne passablement de détails, et lorsque d’autres sources nous permettent de vérifier ces détails (géographique, responsables politiques, etc.), sa précision est impressionnante.

Son organisation est d’abord chronologique : début du ministère de Jésus en Galilée, puis chemin vers Jérusalem dans les chapitres 9 à 19, enfin le conflit ouvert avec les chefs religieux, le procès, la mise à mort et la résurrection.

Luc a aussi plusieurs intérêts particuliers qui transparaissent dans sa manière d’organiser ses matériaux. Il se soucie des pauvres et du bon emploi des richesses; ce que l’on appellerait la justice sociale est mise en avant. On y voit particulièrement l’intérêt de Jésus pour les exclus, les mal-aimés en tous genre (lépreux, pauvres, enfants, etc.)  Luc s’intéresse aussi à la question de l’extension du plan de Dieu à toutes les nations – et pour cause, il est lui même d’origine grecque. C’est aussi pour cela qu’il met en avant les récits montrant l’attitude de Jésus envers les samaritains, peuple semi-païen, que les autres évangiles mentionnent  aussi, mais moins.
Luc voit aussi particulièrement l’importance de la prière, il mentionne soigneusement que Jésus prie aux moments clés de son ministère : baptême, choix des disciples, etc.  Cette importance de la prière dans la vie de Jésus doit aussi servir de modèle à ses disciples.

Il faut encore noter que Luc est un Évangile qui se finit de manière ouverte : les Actes en constituent la suite, Luc livre presque une histoire des débuts de l’Église en deux volumes.

Jean-René Moret

Marc

Représentation du baptême de Jésus

Représentation du baptême de Jésus

Le plus court et le premier des évangiles, Marc est écrit dans un langage simple, rendant un rapport actif de la vie et de l’enseignement de Jésus, le Messie (8.29) et Fils de Dieu (15.39), qui a été rejeté par son propre peuple mais confirmé par Dieu au travers de sa résurrection.

Dans son évangile Marc peint une image vivante de Jésus comme Messie (Sauveur) que nous ferions mieux de ne pas ignorer. Il a largement organisé son travail chronologiquement, avec beaucoup d’emphase sur le travail de Jésus en Galilée et la semaine finale de sa vie. Il écrivait pour ceux qui n’étaient pas d’arrière-plan Juif, car il explique souvent l’histoire et les traditions juives. Il se pourrait bien qu’il ait eut un lectorat romain.

Marc est le seul évangile qui contient le mot « évangile », qui signifie « bonne nouvelle », et il voit clairement le Christ comme une bonne nouvelle pour tous : bonne nouvelle prophétisée par Esaïe (1.2-3) et préparée par Jean le Baptiste (1.2-8).

L’église primitive était unanime pour dire que l’auteur en était Jean Marc. Beaucoup croient que c’est le premier évangile à avoir été écrit, à la fin des années 50 ou au début des années 60, quand la persécution romaine des chrétiens était en augmentation.

La personne de Jésus

Marc introduit son évangile en se concentrant sur « Jésus-Christ, Fils de Dieu » (1.1), en déclarant immédiatement qui il était :

  • Christ (Grec) ou Messie (Hébreux), signifiant “celui qui est oint”, le sauveur choisi par Dieu. Alors que les contemporains de Jésus attendent un messie militaire, Jésus amènera la délivrance d’une manière très différente (8.27-32).

  • Fils de Dieu, comme Dieu le déclare lui-même (1:11; 9:7) et comme les soldats à la croix l’ont reconnu (15:39).

Le titre favori que Jésus se donnait, était « Fils de l’Homme » parce que son sens n’était pas immédiatement compréhensible. Mettant ensemble deux idées clefs de l’ancien testament – le Fils de l’Homme en tant que figure divine et glorieuse (Daniel 7.13-14) et en tant que figure bassement terrestre (Psaumes 8.5) – ce qui résume exactement les deux aspects de la nature de Jésus en tant que Dieu et homme.

Le pouvoir de Jésus

Marc présente Jésus comme un homme d’autorité et d’action : il chasse des démons, guéri des malades, pardonne les péchés, contrôle la nature et il est même plus puissant que la mort (lors de miracles et lors de sa propre résurrection). Un homme qui montre un amour pour chacun indépendamment de son histoire. Il appelle ses disciples à faire de même (3.14-15; 6.6-13).

A quel point suivons-nous l’exemple de Jésus laissé à ses disciples ?

Stéphane Berger

Matthieu

Une généalogie. Drôle de manière de commencer un Évangile. Mais par là, Matthieu montre la continuité entre la vie de Jésus et toute l’histoire du Peuple de Dieu dans les millénaires précédents. Et c’est un des soucis qui transparaît souvent chez Matthieu, montrer comment Jésus prolonge et accomplit l’histoire d’Israël, comment aussi il accomplit l’Écriture d’Israël.

Jésus, une autre royautéIl faut se figurer un peu le contexte de la Palestine au premier siècle. Israël se considérait comme le peuple de Dieu, au bénéfice d’une Alliance avec lui, mais était occupé par les romains, une nation païenne. Pour les juifs, les païens étaient des moins que rien, et cette situation était donc une situation de honte. Et la manière dont ils l’expliquaient, en accord avec la Loi de Moïse et les Prophètes, c’est qu’ils n’avaient pas été fidèle à l’Alliance de Dieu et subissaient la punition de leur faute. Mais ils attendaient un jour où Dieu agirait de manière décisive pour changer leur situation, pardonner leurs péchés et les libérer de leurs ennemis. Cela se produirait au travers de Messie, personnage choisi par Dieu pour accomplir son plan. Souvent, ce Messie était vu comme un chef militaire qui mènerait une insurrection contre les Romains et purifierait la terre d’Israël de ses occupants païens.

Régulièrement dans l’Évangile, Jésus parle du Royaume de Dieu, enseigne sur ce qu’est le royaume de Dieu, manifeste par des miracles que le Royaume de Dieu est présent, et il associe le Royaume de Dieu à sa personne. En faisant cela, il revendique pour lui les attentes des juifs de l’époque, mais il s’en distingue aussi en n’en faisant pas la base d’une action militaire, et en montrant que le Royaume va aussi concerner toutes les nations – bref qu’il n’est pas contre mais pour les païens. Pour le reste, c’est la lecture des textes qui donnera la meilleure idée de ce que Jésus entend par le Royaume des cieux.

L’appellation d’Évangile selon Matthieu vient d’une remarque de plusieurs chrétiens des premiers siècles, selon laquelle l’apôtre Matthieu aurait été le premier à mettre par écrit les paroles de Jésus en langue hébraïque, et que ce premier « évangile » aurait ensuite été traduit en grec par plusieurs personnes séparément. On a donc traditionnellement identifié notre « Évangile selon Matthieu » (dont l’original est en grec) comme une traduction de l’évangile hébreux ou araméen de Matthieu. De fait, il se base très certainement dessus, mais l’auteur l’a aussi complété par d’autres sources et a probablement réorganisé l’ordre des paroles de Jésus pour en faire 5 grands discours (5–7; 10; 13; 18; 24–25) assez cohérents.
Quant à lui, le terme Évangile signifie bonne nouvelle, mais souvent plus spécifiquement la bonne nouvelle d’une victoire militaire établissant la paix. Il y a donc bien une victoire, mais qui passe par une croix et une résurrection plutôt que par une épée et un trône… à (re)découvrir!

Bonne lecture!

Jean-René Moret