Le Lévitique

priest-offering-sacrificeSouvent mis de coté, car trop obscur, trop rituel et trop décalé face à notre réalité ; et parce que de toute façon nous « ne sommes plus esclave de la loi », ce livre reste pourtant fondamental pour nous qui ne sommes ni Juif, ni lévites mais chrétiens.

Et pourquoi ? Premièrement car Jésus a une fois prononcé cette parole1: « Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes: je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir; car, en vérité, je vous dis: Jusqu ‘à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul trait de lettre ne passera point de la loi, que tout ne soit accompli. »

Or de la loi et des 613 commandement qu’elle contient, 247 se trouvent précisément dans le livre du Lévitique! Ce livre est central et mérite donc une attention toute particulière.

Mais pas seulement sur les passages « faciles » sur l’amour du prochain, la justice pour l’étranger, l’intégrité dans le commerce, les dix commandements (qu’on retrouve presque tous dans le Lévitique), ou la proportionnalité des sacrifices suivant qu’on est riche ou pauvre. En effet, l’esprit d’amour et de justice qui ressort de ces lois sont des reflets de qui est Dieu est il est bon qu’on s’y intéresse particulièrement, mais cependant un lecture complète du Lévitique nous confronte à des passages corsés qui peuvent nous sembler à premier abord révoltant et pas du tout…chrétien.

Par exemple la loi du talion, les multiples raisons pouvant conduire à la lapidation ou la mise à mort et les lois sur l’impureté.

Alors que faire ?

Creuser, et chercher à comprendre précisément ces passages qui nous sont obscurs. Pour cela, voici plusieurs outils ou clés d’analyse pouvant être utile quand vous sècherez sur un passage…

Tout d’abord, partir de Mat 5 :17-19 en se rappelant que Jésus est venu accomplir la loi. Il est, par ses actes, par ses enseignement et par ce qu’il a vécu, l’accomplissement de la loi. Il est la clé nous permettant de chercher l’esprit de la loi, son sens profond et la manière dont Dieu veut qu’on agisse.

Deuxièmement, penser au contexte de la révélation, pour le Lévitique on vient de quitter l’ Egypte et Moïse se trouve sur le mont Sinaï au milieu désert lorsque « Le SEIGNEUR appela Moïse »2. Le peuple sort de plusieurs générations d’esclavage, maltraités, tués pour un rien ou le bon plaisir des égyptiens. Les hébreux sont traumatisés et ils ont désappris la valeur d’une vie humaine, et la force d’une communauté. Dieu au travers de Moïse et de la loi, va guider le peuple sur son chemin de sanctification.

Un grand nombre des lois dures du Lévitique viennent précisément réapprendre aux hébreux, qu’on ne tue ni ne blesse son prochain impunément, et que la vie à une immense valeur. Et s’il sera rendu fracture, pour fracture à celui qui blesse son prochain, c’est que son prochain (aussi l’étranger) à de la valeur! Il s’agit de l’aimer comme nous même, de voir en lui notre semblable. Pour Jésus ce commandement (avec celui d’aimer son Dieu) résume toute la loi.

Il y a aussi beaucoup de lois sévères qui font sens, s’il l’on pense à la nécessité de construire un communauté, un peuple saint. Pour cela, il est nécessaire d’avoir des rites communs, mais aussi un code moral et des pratiques communes, sans lesquels la communautés ne peut être solide ni durer. Le Lévitique en définit beaucoup et appelle à une radicalité dans leur application.

L’exemple de l’inceste et des punitions mortelles qu’il entraine est parlant car l’inceste est une pratique niant la nécessaire alliance des familles entre elles par le mariage, or ces alliances interfamiliales sont à la base de toutes communauté. La faute de la personne incestueuse est donc une menace pour l’ensemble du peuple, c’est un crime contre la communauté que le Seigneur s’efforce de bâtir. Le même raisonnement peut être fait pour l’adultère, ou les devins et sorciers, là aussi leurs pratiques sont un danger menaçant l’existence même de la communauté. Et puis on trouve aussi dans le Lévitique des commandements qui ne sont pas là pour condamner ce qui menace la communauté mais simplement pour la renforcer, l’unir par des pratiques et des règlements communs. Ces commandements sont parfois arbitraires, et parfois il faudra ce contenter comme explication du simple et claire « Je suis le Seigneur » que nous propose le Lévitique. C’est un appel à suivre dans l’obéissance les règles de Dieu, et donc un appel à la confiance.

Troisièmement, le sens de la loi est parfois assez basique et concerne la vie de tous les jours. Certaines lois relèvent par exemple du simple principe hygiène ou de prévention de contagion. Ces lois visent à protéger physiquement la communauté des dangers de maladie.

Le Lévitique contient encore des lois qui ne nous concernent pas directement et qui sont à destination des sacrificateurs. Dans ce cas on peut chercher parfois des interprétations symboliques dans les animaux à sacrifier et les gestes à effectuer par le sacrificateur. Mais ce qui est le plus important est de saisir la fonction du rituel institué et la position du sacrificateur, qui est un médiateur entre le peuple et son Dieu.

Et parce que le Lévitique reste déroutant, même avec ses clés d’analyses, il y a deux couples de notion à bien comprendre, faute de quoi on risque d’errer longtemps sur des phrases qui nous semblent impénétrable. Je veux parler des notions de pur et d’impur ainsi que de Saint et profane

Impur n’est pas immoral en soi, c’est d’agir comme si on était pur alors qu’on ne l’est pas qui est condamnable. L’impureté empêche la relation rituelle avec Dieu mais elle est normale, elle fait partie de la vie des humains. L’état de pureté est, entre autre, un état où l’on est prêt à être soi entièrement en relation avec Dieu, où notre esprit est tout entier tourné vers lui et pas vers des problèmes de ce monde. Lorsque on pense l’impureté ainsi on comprends mieux pourquoi la femme qui accouche est impure3 (ses pensée sont tournées vers son enfant,), tout comme l’homme qui a eut une éjaculation4 (ses pensées sont tournés vers l’objet de son fantasme…).

La notion de Saint est aussi très importante à saisir. « Parle à toute la communauté des Israélites ; tu leur diras: Vous serez saints, car moi, le SEIGNEUR, votre Dieu, je suis saint. »

La sainteté, elle aussi, n’est pas une valeur morale, mais l’attribut de Dieu. Ce qui est saint c’est ce qui est différent, complètement autre. Ce qui appartient à Dieu est saint, à commencer par son nom.

Dieu est complétement autre et nous appelle nous aussi à nous sanctifier, c’est à dire à nous différencier en agissant selon ses lois.

J’espère que ces quelques lignes vont vous aider et je vous souhaite un lecture inspirée !

Hervé Roquet

Et avant que j’oublie et il reste une clé d’analyse très utile pour le Lévitique, c’est la clé de l’humour 😉

Lévitique 13 :40 s’y prête bien… «Lorsqu’un homme aura la tête dépouillée de cheveux, c’est un chauve: il est pur. »

1Mat 5 :17-18

2Lv 1 :1

3Lévitique, Chapitre 12

4Lévitique Chapitre 15

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