Actes des Apôtre

Après une belle excursion dans les psaumes, nous voici de retour dans le Nouveau Testament avec le livre des actes. C’est le moment d’avancer dans l’histoire,  après avoir lu les quatre récits de la vie de Jésus, nous reprenons avec l’ascension de Jésus.

Les Actes font suite à l’évangile de Luc, et sont donc également attribué à Luc, médecin et proche collaborateur de l’apôtre Paul. Comme dans l’évangile, Luc fait un travail d’historien, et il est très précis sur les détails géographiques, administratifs et même techniques (notamment le vocabulaire de la navigation et le vocabulaire médical). Mais il ne fait pas que lister des détails, il présente aussi une compréhension de ce qui s’est passé. Dans l’évangile, l’histoire converge vers Jérusalem ; dans les actes, elle part de Jérusalem et s’étend de manière concentrique, selon le programme donné par Jésus en Actes 1.8 : « vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. ».

Les Actes racontent en effet comment les disciples de Jésus vont se faire les porteurs de son message de plus en plus loin. En plus de cette questions géographique, il y a aussi un enjeu ethnique : le message du salut n’est-il que pour les juifs ? Les païens sont-ils concernés ? A quelles conditions ? Les actes montrent comment l’Église en est arrivée à comprendre que l’Évangile était pour toute les nations. Cela ne s’est pas fait tout seul, mais Dieu a du agir de manière retentissante à diverses étapes pour faire comprendre ce qui était entrain de se passer.

D’ailleurs, le titre d’Actes des Apôtres n’est pas forcément celui que Luc voulait donner. L’attention se porte en effet en partie sur les apôtres, mais on peut relever à bon droit que les personnages principaux sont tout autant la Parole de Dieu qui progresse et l’Esprit qui agit. Les acteurs humains ont un rôle, il ne sont pas télécommandés, mais ils ne remplacent pas l’initiative divine.

Les actes montrent aussi de nombreux et grands discours, qui montrent comment les premiers chrétiens ont présenté et défendu leur foi devant leurs contemporains. Il est particulièrement intéressant de voir la différence entre Pierre qui prêche à des Juifs en Actes 2 (ou Paul en Actes 13), et la prédication de Paul aux Athéniens en Actes 17.

Bref, les Actes nous montrent comment Dieu a continué d’agir dans son Église après l’ascension du Christ. Il l’a fait grandir, il lui a fait comprendre les implications de ce qui s’était passé, il l’a employée pour faire progresser son message au milieu des difficultés et des oppositions. Les Actes font partie de l’histoire et aident à situer l’Église. Ils montrent aussi des attitudes de chrétiens dans un contexte non-(ou dé-)christianisé, ce qui est de plus en plus pertinent pour notre époque.

Jean-René Moret

Toujours utile pour bien suivre, la carte des voyages de l'apôtre Paul

Toujours utile pour bien suivre, la carte des voyages de l’apôtre Paul

La loi de Moïse s’applique-t-elle aux chrétiens?

Moses-RiberaOn m’a demandé récemment si la Loi de Moïse s’appliquait à nous (sous-entendu chrétiens) aujourd’hui, en lien aussi avec l’affirmation de Jésus selon laquelle il n’est pas venu abolir la loi, mais l’accomplir. Essayons d’y voir plus clair, sur base du Nouveau Testament.

Pour cette question de la loi, un bon passage à étudier est Galates 3. (A lire et avoir sous les yeux depuis maintenant)
Pour Paul, la base du salut par la foi dont nous bénéficions est dans la promesse faite par Dieu à Abraham (v.8-9). Cette promesse ne mentionne pas la loi comme condition, et la loi qui vient 430 ans après la promesse ne peut pas rajouter des conditions à cette promesse  (v. 15-18 – d’ailleurs le mot que la plupart des traductions traduisent par « testament » signifie Alliance, et il y a certainement dans ces versets une référence à l’Alliance conclue entre Dieu et Abraham en Genèse 15 et 17.). La loi est venue après, pour servir de précepteur qui nous conduise jusqu’à Christ, mais une fois Christ venu nous ne dépendons plus de la loi. Paul en Galates 5.1-4 averti assez durement ceux qui veulent chercher leur justification dans la loi.

De manière assez similaire, l’épître aux Hébreux  montre que dans la nouvelle Alliance il n’y a plus des prêtres descendants d’Aaron, mais un grand-prêtre descendant de Juda et prêtre selon l’ordre de Melchisédek, Jésus-Christ. Sur la loi, l’épître aux hébreux dit :

« En effet, lorsque le sacerdoce est changé, il y a nécessairement aussi un changement de loi » (7.12),

et « En effet, il y a, d’une part, suppression d’un commandement antérieur à cause de sa faiblesse et de son inutilité — car la loi n’a rien porté à son accomplissement — et, d’autre part, introduction d’une espérance supérieure, par laquelle nous nous approchons de Dieu.  » (7.18-19 – il faut quand-même préciser que « commandement » pourrait désigner le commandement précis qui établit les descendants d’Aaron comme prêtres; la loi dans son ensemble serait concernée par « changement » mais pas par « suppression ».).

Voir aussi Romains 7, en particulier 4-6, qui dit que nous sommes morts par rapport à la loi pour en être dégagés et vivre par l’esprit.

Globalement, il est correct de dire que comme commandement et comme manière d’organiser la relation avec Dieu, la loi de Moïse ne vaut plus sur nous, en tout cas pas directement.  Par contre ce que le Nouveau Testament ne fait nulle-part, c’est d’annuler le fait que la loi a été donnée par Dieu. La loi vaut donc toujours comme révélation de Dieu, mais pas comme code juridique.

Maintenant il faut nuancer un peu tout cela, en 1 Corinthiens 9.20 et 21 Paul se présente comme n’étant pas sous la Loi (mosaïque), mais pas sans loi non plus : il est sous la loi du Christ :

« Avec les Juifs, j’ai été comme un Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme quelqu’un qui est sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi — et pourtant moi-même je ne suis pas sous la loi ; avec les sans-loi, comme un sans-loi, afin de gagner les sans-loi — et pourtant je ne suis pas un sans-loi pour Dieu, je suis lié par la loi du Christ. »
Romains 12.2 nous appelle aussi à discerner la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait, et Romains 6.15-23 montre bien que la libération de la loi ne doit pas conduire à mal agir, mais que nous sommes appelés à la justice. Ne pas être soumis à la loi de Moïse ne veut donc pas dire l’anarchie.
En Matthieu 5.17-20, Jésus affirme ne pas être venu pour abolir, mais pour accomplir, et toute la question est de savoir ce que signifie « accomplir ». Une chose que l’on peut observer immédiatement, c’est que dans la suite de Matthieu 5, Jésus cite des commandements de la loi en disant  » il a été dit … » et ajoute  » mais moi je vous dit: ». Dans ces cas, Jésus donne une règle différente et plus exigeante que celle de la loi Mosaïque : il accomplit la loi en se montrant encore plus exigeant (voir aussi le début de Matthieu 19 pour un exemple où Jésus montre que la loi était encore trop accommodante). Mais ce que Jésus fait n’est pas rien : il met sa propre autorité au dessus de la loi de Moïse.

Et d’une manière générale, la justice que nous sommes appelés à mettre en oeuvre en tant que chrétiens dépasse celle qu’exigeait la loi (celle des scribes et des pharisiens, Mt 5.20). Donc je pense que pour ce qui est de l’éthique, la Loi peut nous indiquer la bonne direction, mais qu’il ne faut pas s’arrêter à ce qu’elle demande. C’est cohérent avec le fait que la loi montre quelque chose de la volonté de Dieu, mais est une étape, et qu’elle est encore adaptée à la situation et aux limites de l’époque. (et le NT peut souvent nous guider pour voir comment faire la traduction pour nous).

Faisons encore un petit traitement différencié de diverses prescriptions de la Loi:

Pour tous les commandements qui ont trait aux sacrifices etc., l’épître aux hébreux montre clairement que Jésus les a accomplit par son sacrifice, et donc on n’a plus a les suivre.

Pour les règles éthiques, comme déjà dit elles sont poussées plus loin par Jésus, mais en même temps on ne les vit pas sur le mode de la loi qu’il faut accomplir pour gagner son salut.

Il y avait aussi des règles dans la Loi de Moïse qui concernait l’organisation du peuple d’Israël, la royauté, etc; il semble raisonnable de considérer qu’elles ne nous visent pas directement, dans le sens où le Nouveau Testament n’envisage pas l’institution d’une théocratie chrétienne sur terre.

Reste encore toutes les petites règles de pureté, de comportement pratique etc. Il serait tentant de les laisser de côté, mais Matthieu 5.19 sur les « petits commandements » nous met en garde contre cela. Sur les règles alimentaires, il nous est dit que Jésus déclarait tous les aliments purs (Marc 7.18-23), et on peut dire qu’il accomplit ces règles de puretés en montrant que la chose importante est la pureté du coeur plutôt que celle des aliments.  Reste quelques petits éléments comme ne pas mélanger les tissus (Lev 19.19), où il est difficile de donner des références précises pour montrer que cela ne vaut pas dans la nouvelle alliance, mais une cohérence générale pousse à ne pas les appliquer.

Jean-René Moret

Ce qui précède est une ébauche de traitement d’un thème complexe, et les positions prises peuvent être discutées. N’hésitez pas à le faire en commentant ce billet!

L’Évangile de Jean

Une représentation du Bon Berger, images tirée de l'Évangile de Jean

L’évangile de Jean est nommé de par son auteur présumé, Jean, le disciple de Jésus, frère de Jacques. Cependant, dans les dernières décennies, sa paternité de l’évangile à été remise en cause. Si l’auteur est discuté, la majorité des experts supposent que Jean a été écrit entre 70 et 100 après J-C.

Mais ces considérations ne sont pas primordiales. Ce qui est primordial est ce que le texte de l’évangile, parole de Dieu, va nous apprendre.

Le but de Jean est, comme il est dit en Jean 20.31, « Mais ce qui s’y (l’évangile de Jean) trouve a été écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous possédiez la vie en son nom. », que nous, ses lecteurs, ayons la vie éternelle. Magnifique perspective non ?

Pour nous convaincre et nous dépeindre le ministère de Jésus sur Terre, Jean aura une approche un peu différente de celle des autres évangiles (que l’on a regroupés sous le terme de synoptiques). Comparé aux synoptiques, Jean se distingue sur plusieurs points :

  • Jésus est, tout de suite (dès le prologue), décrit comme le Messie par ses différents titres messianiques,
  • Jean présente le ministère de Jésus d’une manière plus thématique que chronologique et Jérusalem est le centre du ministère de Jésus tout au long de l’évangile,
  • Le contenu de Jean est singulièrement différent des synoptiques. On n’y trouve pas les paraboles si souvent utilisées dans les synoptiques, ni l’institution du repas du Seigneur (la cène), ni les enseignements du sermon sur la montagne de Matthieu. Ces passages pourraient paraître manquants, mais Jean insiste sur d’autres points. Les « Je suis » de Jésus ne sont soulignés que chez Jean, de même que des longs discours de Jésus par exemple.

Ainsi, Jean contient une christologie (théologie du Christ) développée sur un axe différent des synoptiques, ce qui en fait un évangile séparé des autres, non par la véracité des fait ou l’importance de son propos, mais par la manière dont il est présenté. Ceci à conduit certains à appeler l’évangile de Jean « évangile spirituel ». Cette appellation prend tout son sens lorsque l’on commence à lire le prologue de Jean (Jean 1.1-18) , magnifique description de Dieu, Jésus et de son plan rédempteur.

Alors que la lecture de cet évangile, dans sa différence, nous encourage et nous fortifie en Christ, fils de Dieu, notre sauveur à tous.

Yann Lehmann

Luc

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La préface de l’Évangile de Luc nous donnes plusieurs informations intéressantes. Luc est conscient de ne pas être le premier à écrire au sujet de Jésus, il avait donc connaissance de textes écrits avant lui, ce qui explique les similarités avec les évangiles de Marc et Luc – la question de savoir s’il avait accès à ces évangiles ou plutôt à des textes plus primitifs reste ouverte.  Il s’est donné la peine de vérifier ses sources et a eu l’occasion d’interroger des témoins visuels. Il souhaite faire une exposition suivie des évènements, ce qui signifie qu’il organise aussi les données qu’il a à sa disposition. Luc souhaite faire un travail d’historien, il donne passablement de détails, et lorsque d’autres sources nous permettent de vérifier ces détails (géographique, responsables politiques, etc.), sa précision est impressionnante.

Son organisation est d’abord chronologique : début du ministère de Jésus en Galilée, puis chemin vers Jérusalem dans les chapitres 9 à 19, enfin le conflit ouvert avec les chefs religieux, le procès, la mise à mort et la résurrection.

Luc a aussi plusieurs intérêts particuliers qui transparaissent dans sa manière d’organiser ses matériaux. Il se soucie des pauvres et du bon emploi des richesses; ce que l’on appellerait la justice sociale est mise en avant. On y voit particulièrement l’intérêt de Jésus pour les exclus, les mal-aimés en tous genre (lépreux, pauvres, enfants, etc.)  Luc s’intéresse aussi à la question de l’extension du plan de Dieu à toutes les nations – et pour cause, il est lui même d’origine grecque. C’est aussi pour cela qu’il met en avant les récits montrant l’attitude de Jésus envers les samaritains, peuple semi-païen, que les autres évangiles mentionnent  aussi, mais moins.
Luc voit aussi particulièrement l’importance de la prière, il mentionne soigneusement que Jésus prie aux moments clés de son ministère : baptême, choix des disciples, etc.  Cette importance de la prière dans la vie de Jésus doit aussi servir de modèle à ses disciples.

Il faut encore noter que Luc est un Évangile qui se finit de manière ouverte : les Actes en constituent la suite, Luc livre presque une histoire des débuts de l’Église en deux volumes.

Jean-René Moret

Marc

Représentation du baptême de Jésus

Représentation du baptême de Jésus

Le plus court et le premier des évangiles, Marc est écrit dans un langage simple, rendant un rapport actif de la vie et de l’enseignement de Jésus, le Messie (8.29) et Fils de Dieu (15.39), qui a été rejeté par son propre peuple mais confirmé par Dieu au travers de sa résurrection.

Dans son évangile Marc peint une image vivante de Jésus comme Messie (Sauveur) que nous ferions mieux de ne pas ignorer. Il a largement organisé son travail chronologiquement, avec beaucoup d’emphase sur le travail de Jésus en Galilée et la semaine finale de sa vie. Il écrivait pour ceux qui n’étaient pas d’arrière-plan Juif, car il explique souvent l’histoire et les traditions juives. Il se pourrait bien qu’il ait eut un lectorat romain.

Marc est le seul évangile qui contient le mot « évangile », qui signifie « bonne nouvelle », et il voit clairement le Christ comme une bonne nouvelle pour tous : bonne nouvelle prophétisée par Esaïe (1.2-3) et préparée par Jean le Baptiste (1.2-8).

L’église primitive était unanime pour dire que l’auteur en était Jean Marc. Beaucoup croient que c’est le premier évangile à avoir été écrit, à la fin des années 50 ou au début des années 60, quand la persécution romaine des chrétiens était en augmentation.

La personne de Jésus

Marc introduit son évangile en se concentrant sur « Jésus-Christ, Fils de Dieu » (1.1), en déclarant immédiatement qui il était :

  • Christ (Grec) ou Messie (Hébreux), signifiant “celui qui est oint”, le sauveur choisi par Dieu. Alors que les contemporains de Jésus attendent un messie militaire, Jésus amènera la délivrance d’une manière très différente (8.27-32).

  • Fils de Dieu, comme Dieu le déclare lui-même (1:11; 9:7) et comme les soldats à la croix l’ont reconnu (15:39).

Le titre favori que Jésus se donnait, était « Fils de l’Homme » parce que son sens n’était pas immédiatement compréhensible. Mettant ensemble deux idées clefs de l’ancien testament – le Fils de l’Homme en tant que figure divine et glorieuse (Daniel 7.13-14) et en tant que figure bassement terrestre (Psaumes 8.5) – ce qui résume exactement les deux aspects de la nature de Jésus en tant que Dieu et homme.

Le pouvoir de Jésus

Marc présente Jésus comme un homme d’autorité et d’action : il chasse des démons, guéri des malades, pardonne les péchés, contrôle la nature et il est même plus puissant que la mort (lors de miracles et lors de sa propre résurrection). Un homme qui montre un amour pour chacun indépendamment de son histoire. Il appelle ses disciples à faire de même (3.14-15; 6.6-13).

A quel point suivons-nous l’exemple de Jésus laissé à ses disciples ?

Stéphane Berger

Royaume de Dieu

Statue_briseeCe billet fait suite à quelques questions sur le royaume de Dieu, qui se résument ainsi:

– Le royaume de Dieu commence à l’époque de Jésus (Mt 3.2, 4.17), comment se fait-il que les royautés humaines n’aie pas disparu?

– En particulier Daniel 2 montre une statue qui représente les royautés terrestres et une pierre représentant le royaume de Dieu, et qui détruit la statue et rempli toute la terre.

– Si le Royaume de Dieu commence avec Jésus, qu’en était-il des gens dans l’Ancien Testament? N’y avaient-ils pas accès?

 
Sur le Royaume de Dieu, je crois que le début de la réponse c’est la notion de « déjà » et de « pas encore » suite au ministère de Jésus. L’accomplissement des promesses de l’AT est en Jésus Christ, et Jésus peut parler du Royaume comme une réalité présente p. ex :

« Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur répondit: Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards.  On ne dira point: Il est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. » Luc 17.20-21.

Mais en même temps, c’est une réalité qui se développe, qui progresse, et qui sera totalement accomplie dans le futur – Marc 4.26-32 et Matthieu 13.31-33 montrent en image le royaume comme quelque chose qui grandit progressivement. On voit aussi par exemple en Matthieu 7.21-22 que Jésus parle de l’entrée dans le royaume comme quelque chose qui concerne « en ce jour-là », à savoir un accomplissement futur. Globalement le temps présent est un temps où on le royaume de Dieu se manifeste au travers des chrétiens et où on peut en goûter une partie, mais le temps où toute la terre donnera gloire à Dieu, le temps où le royaume sera accompli, cela reste encore à venir.

Concernant la prophétie de Daniel, je crois que ce qu’il a vu est une vision condensée, le royaume de Dieu a fait irruption, il est entrain de grandir, et finalement il remplira toute la terre. Un de mes profs disaient que les prophéties de l’AT, c’est souvent comme quand on regarde un paysage de montagne de loin, on a l’impression que toutes les montagnes sont à la même distance. Mais si on se rapproche ou que l’on prend de la hauteur, on voit qu’en fait il y a plusieurs chaines à plusieurs distances. Les prophètes voyaient les choses de loin, en les lisant ont peut avoir l’impression que le jour où le messie allait venir et le jour où tout serait accompli était tout en même temps. Ce qu’on a vu avec la venue de Jésus, c’est qu’il y a un « temps entre les temps », un moment où les promesses de Dieu sont d’un côté déjà accomplie en Jésus, mais où le règne final de Dieu n’est pas encore pleinement manifesté sur toute la terre.

Pour les gens de l’AT, une manière de progresser sur cette question c’est de lire Hébreux 11, où d’après moi on voit que les croyants de l’AT ont vu de loin ce qui était promis et que nous avons reçu. Ils ne l’ont pas reçu leur vie durant, parce que sans Christ cela n’était pas possible, mais je n’ai pas de doute que ceux qui sont mort dans cette attente ont obtenu ce qui était promis lorsque Jésus est venu (en laissant de côté la question de savoir si ils ont perçu un temps d’attente après leur mort, ou si tout se passe dans 2 temporalités différentes, etc.).  Ce que Christ a fiat, nous en bénéficions comme une chose accomplie, alors qu’eux l’attendaient comme une chose à venir, mais en attendant la promesse de Dieu, ils manifestaient la foi en Christ qui allait venir, même si c’était moins clair pour eux que pour nous aujourd’hui.

Jean-René Moret

Matthieu

Une généalogie. Drôle de manière de commencer un Évangile. Mais par là, Matthieu montre la continuité entre la vie de Jésus et toute l’histoire du Peuple de Dieu dans les millénaires précédents. Et c’est un des soucis qui transparaît souvent chez Matthieu, montrer comment Jésus prolonge et accomplit l’histoire d’Israël, comment aussi il accomplit l’Écriture d’Israël.

Jésus, une autre royautéIl faut se figurer un peu le contexte de la Palestine au premier siècle. Israël se considérait comme le peuple de Dieu, au bénéfice d’une Alliance avec lui, mais était occupé par les romains, une nation païenne. Pour les juifs, les païens étaient des moins que rien, et cette situation était donc une situation de honte. Et la manière dont ils l’expliquaient, en accord avec la Loi de Moïse et les Prophètes, c’est qu’ils n’avaient pas été fidèle à l’Alliance de Dieu et subissaient la punition de leur faute. Mais ils attendaient un jour où Dieu agirait de manière décisive pour changer leur situation, pardonner leurs péchés et les libérer de leurs ennemis. Cela se produirait au travers de Messie, personnage choisi par Dieu pour accomplir son plan. Souvent, ce Messie était vu comme un chef militaire qui mènerait une insurrection contre les Romains et purifierait la terre d’Israël de ses occupants païens.

Régulièrement dans l’Évangile, Jésus parle du Royaume de Dieu, enseigne sur ce qu’est le royaume de Dieu, manifeste par des miracles que le Royaume de Dieu est présent, et il associe le Royaume de Dieu à sa personne. En faisant cela, il revendique pour lui les attentes des juifs de l’époque, mais il s’en distingue aussi en n’en faisant pas la base d’une action militaire, et en montrant que le Royaume va aussi concerner toutes les nations – bref qu’il n’est pas contre mais pour les païens. Pour le reste, c’est la lecture des textes qui donnera la meilleure idée de ce que Jésus entend par le Royaume des cieux.

L’appellation d’Évangile selon Matthieu vient d’une remarque de plusieurs chrétiens des premiers siècles, selon laquelle l’apôtre Matthieu aurait été le premier à mettre par écrit les paroles de Jésus en langue hébraïque, et que ce premier « évangile » aurait ensuite été traduit en grec par plusieurs personnes séparément. On a donc traditionnellement identifié notre « Évangile selon Matthieu » (dont l’original est en grec) comme une traduction de l’évangile hébreux ou araméen de Matthieu. De fait, il se base très certainement dessus, mais l’auteur l’a aussi complété par d’autres sources et a probablement réorganisé l’ordre des paroles de Jésus pour en faire 5 grands discours (5–7; 10; 13; 18; 24–25) assez cohérents.
Quant à lui, le terme Évangile signifie bonne nouvelle, mais souvent plus spécifiquement la bonne nouvelle d’une victoire militaire établissant la paix. Il y a donc bien une victoire, mais qui passe par une croix et une résurrection plutôt que par une épée et un trône… à (re)découvrir!

Bonne lecture!

Jean-René Moret