Nombres

Balaam Le livre des Nombres n’est pas le plus connu de l’Ancien Testament ; souvent on sait approximativement que la Genèse parle du début du monde, Exode de la sortie d’Égypte et que Lévitique regroupe des lois arides et peu intéressantes (ceux qui suivent depuis le début verront tout ce qu’il y a d’approximatif et de cliché dans ces a priori), mais concernant les Nombres, on ne sait pas forcément d’emblée de quoi il retourne.

Ce livre tire son nom des quelques dénombrements qu’il comporte, mais (heureusement) il n’y a pas que cela. Le livre des nombres à une grande part historique, qui se situe entre la sortie d’Égypte (Exode) et l’entrée en Canaan. C’est là que l’on voit les espions inspectant Canaan et le refus du peuple d’Israël d’y entrer (chapitres 13 et 14), les 40 ans d’errance dans le désert, ainsi que le fameux épisode de Balaam et son âne qui parle (chapitres 22 à 24). En outre, on trouve aussi divers épisodes de récrimination et de révolte contre l’autorité de Moïse voire celle de Dieu, ainsi que la manière dont Dieu y répond. Entremêlées dans le tout se trouve aussi un certain nombre de prescriptions, parfois des rappels ou des précision sur ce qui a été dit précédemment, parfois des nouveautés, et parfois des réponses à des situations concrètes.

 

En plus de l’avancée dans l’histoire, les Nombres nous montrent une problématique importante : comment un Dieu saint vivra-t-il au milieu d’un peuple rebelle ? Les Nombres racontent maintes fois l’alternance entre la colère de Dieu qui pourrait détruire le peuple en entier, et sa grâce qui permet malgré tout que l’histoire du peuple de Dieu se poursuive. C’est ainsi une miniature de l’histoire de l’humanité avec Dieu, entre la révolte radicale de l’homme et la volonté de Dieu de malgré tout racheter, pardonner et sauver un peuple au milieu de cette humanité pervertie.

Les Psaumes

Une représentation de David jouant de la musique

Une représentation de David jouant de la musique

Le livre des psaumes, c’est la prière du peuple de Dieu depuis 3000 ans.

Il s’est constitué au fil des siècles comme un répertoire de prières et de chants liturgique du peuple d’Israël. Un bon nombre de psaumes sont attribué à David (la majorité des psaumes de 1 à 72) ou à ses contemporains (par exemple Asaph, psaumes 73 à 83). D’autres sont anonymes, et l’ensemble s’étale au moins jusqu’à l’exil à Babylone (référence du psaume 137).

Les psaumes couvrent toute une variété de circonstances et d’émotions. Certains sont des psaumes écrits dans la détresse, et on peut souvent reconnaître la structure : « rappel de la fidélité passée de Dieu – expression de la détresse présente – affirmation de la confiance en Dieu et en son action pour sauver ».

D’autres psaumes ont été écrit par David ou Salomon en lien avec leur propre règne, mais en même-temps l’Esprit Saint leur attestait que ce n’était pas que pour eux mêmes. Ces psaumes dit messianiques annonçaient la personne du Christ et ce que lui-même réaliserait (psaume 2, psaume 22, voir le regard d’actes 2.30-31).

On voit aussi d’autres psaumes où le psalmiste demande la destruction de ses ennemis et al vengeance de Dieu contre eux. Cela peut nous sembler fort peu évangélique comme attitude, mais cela nous rappelle aussi la colère et la haine de Dieu contre le mal et le péché, que nous oublions si facilement. Et les sanctions que ces psaumes appelaient, c’est finalement Jésus-Christ qui les a prises sur lui lors de sa crucifixion (vision exprimée dans un ouvrage de Dietrich Bonhoeffer :Introduction au livre de Psaumes Brepols, 1995).

Les psaumes sont aussi pour certains louange à Dieu pour le don de sa loi et pour la présence au milieu de son peuple. D’autres rappellent sa grandeur dans la création, ou expriment la reconnaissance suite à la délivrance.

Dans toute leur variété, les psaumes ont formé la nourriture de la prière d’Israël et de l’Église des siècles durant. Ils peuvent nous aider à mettre des mots sur nos besoins, nos émotions, et nous conduire dans notre propre prière.

Prenons le temps de les méditer, et n’hésitez pas à partager la manière dont al lecture des psaumes vous rejoint – ou pas – dans votre propre vie de foi et de relation avec Dieu.

Jean-René Moret

Le Lévitique

priest-offering-sacrificeSouvent mis de coté, car trop obscur, trop rituel et trop décalé face à notre réalité ; et parce que de toute façon nous « ne sommes plus esclave de la loi », ce livre reste pourtant fondamental pour nous qui ne sommes ni Juif, ni lévites mais chrétiens.

Et pourquoi ? Premièrement car Jésus a une fois prononcé cette parole1: « Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes: je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir; car, en vérité, je vous dis: Jusqu ‘à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul trait de lettre ne passera point de la loi, que tout ne soit accompli. »

Or de la loi et des 613 commandement qu’elle contient, 247 se trouvent précisément dans le livre du Lévitique! Ce livre est central et mérite donc une attention toute particulière.

Mais pas seulement sur les passages « faciles » sur l’amour du prochain, la justice pour l’étranger, l’intégrité dans le commerce, les dix commandements (qu’on retrouve presque tous dans le Lévitique), ou la proportionnalité des sacrifices suivant qu’on est riche ou pauvre. En effet, l’esprit d’amour et de justice qui ressort de ces lois sont des reflets de qui est Dieu est il est bon qu’on s’y intéresse particulièrement, mais cependant un lecture complète du Lévitique nous confronte à des passages corsés qui peuvent nous sembler à premier abord révoltant et pas du tout…chrétien.

Par exemple la loi du talion, les multiples raisons pouvant conduire à la lapidation ou la mise à mort et les lois sur l’impureté.

Alors que faire ?

Creuser, et chercher à comprendre précisément ces passages qui nous sont obscurs. Pour cela, voici plusieurs outils ou clés d’analyse pouvant être utile quand vous sècherez sur un passage…

Tout d’abord, partir de Mat 5 :17-19 en se rappelant que Jésus est venu accomplir la loi. Il est, par ses actes, par ses enseignement et par ce qu’il a vécu, l’accomplissement de la loi. Il est la clé nous permettant de chercher l’esprit de la loi, son sens profond et la manière dont Dieu veut qu’on agisse.

Deuxièmement, penser au contexte de la révélation, pour le Lévitique on vient de quitter l’ Egypte et Moïse se trouve sur le mont Sinaï au milieu désert lorsque « Le SEIGNEUR appela Moïse »2. Le peuple sort de plusieurs générations d’esclavage, maltraités, tués pour un rien ou le bon plaisir des égyptiens. Les hébreux sont traumatisés et ils ont désappris la valeur d’une vie humaine, et la force d’une communauté. Dieu au travers de Moïse et de la loi, va guider le peuple sur son chemin de sanctification.

Un grand nombre des lois dures du Lévitique viennent précisément réapprendre aux hébreux, qu’on ne tue ni ne blesse son prochain impunément, et que la vie à une immense valeur. Et s’il sera rendu fracture, pour fracture à celui qui blesse son prochain, c’est que son prochain (aussi l’étranger) à de la valeur! Il s’agit de l’aimer comme nous même, de voir en lui notre semblable. Pour Jésus ce commandement (avec celui d’aimer son Dieu) résume toute la loi.

Il y a aussi beaucoup de lois sévères qui font sens, s’il l’on pense à la nécessité de construire un communauté, un peuple saint. Pour cela, il est nécessaire d’avoir des rites communs, mais aussi un code moral et des pratiques communes, sans lesquels la communautés ne peut être solide ni durer. Le Lévitique en définit beaucoup et appelle à une radicalité dans leur application.

L’exemple de l’inceste et des punitions mortelles qu’il entraine est parlant car l’inceste est une pratique niant la nécessaire alliance des familles entre elles par le mariage, or ces alliances interfamiliales sont à la base de toutes communauté. La faute de la personne incestueuse est donc une menace pour l’ensemble du peuple, c’est un crime contre la communauté que le Seigneur s’efforce de bâtir. Le même raisonnement peut être fait pour l’adultère, ou les devins et sorciers, là aussi leurs pratiques sont un danger menaçant l’existence même de la communauté. Et puis on trouve aussi dans le Lévitique des commandements qui ne sont pas là pour condamner ce qui menace la communauté mais simplement pour la renforcer, l’unir par des pratiques et des règlements communs. Ces commandements sont parfois arbitraires, et parfois il faudra ce contenter comme explication du simple et claire « Je suis le Seigneur » que nous propose le Lévitique. C’est un appel à suivre dans l’obéissance les règles de Dieu, et donc un appel à la confiance.

Troisièmement, le sens de la loi est parfois assez basique et concerne la vie de tous les jours. Certaines lois relèvent par exemple du simple principe hygiène ou de prévention de contagion. Ces lois visent à protéger physiquement la communauté des dangers de maladie.

Le Lévitique contient encore des lois qui ne nous concernent pas directement et qui sont à destination des sacrificateurs. Dans ce cas on peut chercher parfois des interprétations symboliques dans les animaux à sacrifier et les gestes à effectuer par le sacrificateur. Mais ce qui est le plus important est de saisir la fonction du rituel institué et la position du sacrificateur, qui est un médiateur entre le peuple et son Dieu.

Et parce que le Lévitique reste déroutant, même avec ses clés d’analyses, il y a deux couples de notion à bien comprendre, faute de quoi on risque d’errer longtemps sur des phrases qui nous semblent impénétrable. Je veux parler des notions de pur et d’impur ainsi que de Saint et profane

Impur n’est pas immoral en soi, c’est d’agir comme si on était pur alors qu’on ne l’est pas qui est condamnable. L’impureté empêche la relation rituelle avec Dieu mais elle est normale, elle fait partie de la vie des humains. L’état de pureté est, entre autre, un état où l’on est prêt à être soi entièrement en relation avec Dieu, où notre esprit est tout entier tourné vers lui et pas vers des problèmes de ce monde. Lorsque on pense l’impureté ainsi on comprends mieux pourquoi la femme qui accouche est impure3 (ses pensée sont tournées vers son enfant,), tout comme l’homme qui a eut une éjaculation4 (ses pensées sont tournés vers l’objet de son fantasme…).

La notion de Saint est aussi très importante à saisir. « Parle à toute la communauté des Israélites ; tu leur diras: Vous serez saints, car moi, le SEIGNEUR, votre Dieu, je suis saint. »

La sainteté, elle aussi, n’est pas une valeur morale, mais l’attribut de Dieu. Ce qui est saint c’est ce qui est différent, complètement autre. Ce qui appartient à Dieu est saint, à commencer par son nom.

Dieu est complétement autre et nous appelle nous aussi à nous sanctifier, c’est à dire à nous différencier en agissant selon ses lois.

J’espère que ces quelques lignes vont vous aider et je vous souhaite un lecture inspirée !

Hervé Roquet

Et avant que j’oublie et il reste une clé d’analyse très utile pour le Lévitique, c’est la clé de l’humour 😉

Lévitique 13 :40 s’y prête bien… «Lorsqu’un homme aura la tête dépouillée de cheveux, c’est un chauve: il est pur. »

1Mat 5 :17-18

2Lv 1 :1

3Lévitique, Chapitre 12

4Lévitique Chapitre 15

Exode

Moïse avec les tables de la loi

« Les Noms » c’est le nom hébreux de l’Exode avant qu’une traduction grecque de la Bible (la Septante) ne pérennise le nom d’Exode. L’Exode, c’est le départ du peuple d’Israël en direction de la terre promise par Dieu.

Comment en est-on arrivé là ?

On avait, dans Genèse, quitté Joseph et sa famille en pays d’Égypte, et on retrouve, en Exode, un peuple d’Israël nombreux, qui s’est multiplié de générations en générations à partir de la famille de Joseph. A tel point qu’ils sont maintenant détestés des Égyptiens qui les ont réduits en esclavage. C’est ainsi que les Israélites crient à Dieu, qui répond à leur appel.

L’Exode, c’est Dieu qui se souvient de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Il leur a promis une terre et une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel.

L’Exode c’est Dieu qui se suscite un homme, Moïse, qui sera le berger de son peuple. Il révèle son nom, YWHW, l’Eternel, à Moïse. Il lui démontre son omnipotence et l’accompagne dans son rôle de libérateur et conducteur du peuple d’Israël.

L’Exode c’est Dieu qui éduque et prend soin de son peuple pendant quarante ans dans le désert. Il agit miraculeusement envers son peuple pour le protéger, le nourrir, mais aussi pour lui apprendre l’amour, la fidélité et l’obéissance.

L’Exode c’est Dieu qui conclut une alliance avec son peuple. Il donne ses lois à Moïse et écrit le décalogue (dix commandements) pour que son peuple connaisse et suive les voies de l’Eternel.

L’Exode c’est Dieu qui est présent auprès des hommes, qui intervient dans l’histoire, qui aime sa création et son peuple, qui maîtrise les événements. L’Exode c’est : « L’Eternel est un Dieu plein de compassion et de grâce, lent à se mettre en colère, et riche en amour et en fidélité! » (Ex 34.6)

En trois parties, Moïse, l’auteur présumé de l’Exode, nous décrit la libération des Israélites (Ex 1-18), la conclusion de l’alliance sur le mont Sinaï (Ex 19-24) et les institutions cultuelles, la façon dont le peuple allait vivre avec l’Eternel au milieu d’eux (Ex 25-40).

Que Dieu vous fasse découvrir combien Exode 34.6 est vrai au travers de votre lecture !

Yann Lehman

Genèse

La tour de Babel

Comme son nom l’indique, le livre de la Genèse est une affaire de commencements. Commencement de la Terre, commencement de l’humanité, commencement de la relation entre l’homme et Dieu, commencement du plan de Dieu au travers d’un groupe de personnes avec qui il entre dans une relation particulière.

La question du rapport entre le récit de la création et les descriptions scientifiques modernes des origines a bien entendu fait couler beaucoup d’encre, mais ce qui semble plus fécond, et plus en lien avec l’ensemble du livre, c’est de se focaliser davantage sur la place de l’homme dans l’univers et la place de l’homme face à Dieu.

Après avoir montré comment l’humanité s’éloigne de Dieu, le récit en vient au moment où Dieu débute une relation particulière, une relation d’Alliance (un petit article sur la notion d’Alliance sera mis en ligne quand nous arriverons au chapitre 15) avec un individu puis avec sa famille, en vue de constituer un peuple qui bénisse finalement la terre entière. Ces premiers membres du peuple de Dieu avec toutes leurs imperfections vont faire l’apprentissage de la foi, et par là sont les ancêtres et les modèles des croyants d’aujourd’hui. (Voir Hébreux 11.1-22, Galates 3.6-9)

La Genèse, c’est aussi l’histoire du plan de Dieu qui continue de se dérouler malgré et même au travers de la méchanceté des hommes. L’histoire de Joseph (Chs. 37-50) en est l’exemple par excellence.

Avec les 5 premiers livres de la Bible, la Genèse forme le Pentateuque, ce que les juifs appellent la Torah ou la Loi. Les 5 livres sont traditionnellement attribués à Moïse, même si dans la Genèse aucune mention de Moïse n’est faite. Il est globalement raisonnable de de penser que l’autorité derrière le livre est celle de Moïse, même si certaines références à l’histoire ultérieure (p. ex. Gn 36.31) donnent a penser qu’un travail d’édition a eu lieu dans la suite, et que d’autre part la présence et la forme des généalogie donnent à penser qu’il a lui-même utilisé des tablettes d’archives familiales transmises par les générations précédentes.
Au sujet de ces généalogies, leur lecture peut sembler fastidieuses, mais elle exprime l’importance de la continuité de l’action de Dieu, la filiation qui unit les diverses générations.

Jean-René Moret