L’Évangile de Jean

Une représentation du Bon Berger, images tirée de l'Évangile de Jean

L’évangile de Jean est nommé de par son auteur présumé, Jean, le disciple de Jésus, frère de Jacques. Cependant, dans les dernières décennies, sa paternité de l’évangile à été remise en cause. Si l’auteur est discuté, la majorité des experts supposent que Jean a été écrit entre 70 et 100 après J-C.

Mais ces considérations ne sont pas primordiales. Ce qui est primordial est ce que le texte de l’évangile, parole de Dieu, va nous apprendre.

Le but de Jean est, comme il est dit en Jean 20.31, « Mais ce qui s’y (l’évangile de Jean) trouve a été écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous possédiez la vie en son nom. », que nous, ses lecteurs, ayons la vie éternelle. Magnifique perspective non ?

Pour nous convaincre et nous dépeindre le ministère de Jésus sur Terre, Jean aura une approche un peu différente de celle des autres évangiles (que l’on a regroupés sous le terme de synoptiques). Comparé aux synoptiques, Jean se distingue sur plusieurs points :

  • Jésus est, tout de suite (dès le prologue), décrit comme le Messie par ses différents titres messianiques,
  • Jean présente le ministère de Jésus d’une manière plus thématique que chronologique et Jérusalem est le centre du ministère de Jésus tout au long de l’évangile,
  • Le contenu de Jean est singulièrement différent des synoptiques. On n’y trouve pas les paraboles si souvent utilisées dans les synoptiques, ni l’institution du repas du Seigneur (la cène), ni les enseignements du sermon sur la montagne de Matthieu. Ces passages pourraient paraître manquants, mais Jean insiste sur d’autres points. Les « Je suis » de Jésus ne sont soulignés que chez Jean, de même que des longs discours de Jésus par exemple.

Ainsi, Jean contient une christologie (théologie du Christ) développée sur un axe différent des synoptiques, ce qui en fait un évangile séparé des autres, non par la véracité des fait ou l’importance de son propos, mais par la manière dont il est présenté. Ceci à conduit certains à appeler l’évangile de Jean « évangile spirituel ». Cette appellation prend tout son sens lorsque l’on commence à lire le prologue de Jean (Jean 1.1-18) , magnifique description de Dieu, Jésus et de son plan rédempteur.

Alors que la lecture de cet évangile, dans sa différence, nous encourage et nous fortifie en Christ, fils de Dieu, notre sauveur à tous.

Yann Lehmann

Questions sur Marc – Episode II – Histoires de démons

LegionDeux nouvelles questions-réponses sur l’évangile de Marc, avec cette fois deux histoires de démons.

Marc 5.12-14 pourquoi le truc avec les cochons ?

« Et les démons supplièrent Jésus en disant : Envoie-nous dans ces pourceaux afin que nous entrions en eux. Il le leur permit. Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita du haut de l’escarpement dans la mer. Il y en avait environ deux mille, et ils se noyèrent. Ceux qui les faisaient paître s’enfuirent et répandirent la nouvelle dans la ville et dans les campagnes. Les gens allèrent voir ce qui était arrivé. » Marc 5.12-14

Dans cette histoire, Jésus chasse un grand nombre de démons d’un possédé. Un démon chassé de son hôte va plus ou moins errer en cherchant une autre victime (Mt 12.43 – où il est question d’aller dans les lieux arides, le désert p.ex). Les démons de cette histoire supplient Jésus de ne pas leur infliger cela (Mc 5.10), mais négocient pour pouvoir aller habiter le troupeau de porc à la place. Remarquons que pour les juifs, les porcs sont impurs, et la présence d’un troupeau de porc sur cette terre qui était celle d’Israël (cela se passe sur la rive est du lac de Galilée, qui faisait partie de l’Israël ancien mais à l’époque de Jésus était surtout peuplée de païens) devait être un scandale pour les juifs. Maintenant, ça laisse quelques questions ouvertes :

  • Les démons savaient-ils ce qu’ils allaient faire au troupeau (auquel cas ils demandaient une occasion de jouer un mauvais tour), ou bien ont-ils été surpris par la réaction ? (une fois les porcs noyés, il se retrouvent vraisemblablement dans la situation d’esprits errants)

  • Pourquoi Jésus les autorise-t-il à entrer dans le troupeau ? Est-ce une manière de sanctionner la présence des porcs ? Est-ce un piège pour les démons ?

  • Et d’abord pourquoi Jésus accepte de « négocier » ? A-t-il une forme de pitié même pour les démons ?

A ces questions je n’ai pas forcément de réponses, donc je les laisse à votre méditation. Remarquons juste que l’histoire du troupeau va d’une part confirmer que les démons sont bien sortis du démoniaques, et d’autre part frapper les esprits des gens, d’abord négativement dans l’immédiat, mais en Marc 6.53 quand il repasse dans le coin, tout le monde le reconnait et vient à sa rencontre.

Comment comprendre Marc 9.29 ?
Qu’est-ce qui est différent par rapport aux autres démon que Jésus a chassé ?

« Il leur dit : Cette espèce (de démon) ne peut sortir que par la prière. » Marc 9.29

Par rapport à 9.29, une première remarque c’est que les mots « et par le jeûne » sont discutés, dans le sens où ils manquent dans les 2 meilleurs manuscrits qu’on aie, même s’ils sont présent dans la plupart des autres, donc on se demande si ça fait partie du texte d’origine. Une autre remarque, c’est que le texte dit « cette espèce ne peut en rien sortir si ce n’est par la prière [et par le jeûne] ». C’est vrai qu’on comprend souvent ça dans le sens « cette espèce de démon particulière », mais on peut aussi comprendre « cette espèce, à savoir les démons ». Dans le premier cas, ça reste un mystère pour moi, il n’y a pas tellement d’autre endroit où on voie une différence entre plusieurs sortes de démons, et ici on ne voit effectivement pas ce qu’il aurait de particulier. Dans le second cas, ça pourrait bien être que les disciples se sont mis à penser qu’ils étaient maintenant des experts face aux démons et qu’ils ont essayé de le chasser par leur force et leur autorité, sans se rappeler que leur autorité était dérivée de celle de Jésus et dépendait de Dieu. Dans ce cas, il y aurait simplement un rappel qu’on ne peut chasser des démons que dans la dépendance à Dieu exprimée par la prière. (Ça serait plus cohérent avec le fait qu’on ne voit pas Jésus faire une prière particulière, encore moins démarrer une longue période de jeûne).

Jean-René Moret

Exode

Moïse avec les tables de la loi

« Les Noms » c’est le nom hébreux de l’Exode avant qu’une traduction grecque de la Bible (la Septante) ne pérennise le nom d’Exode. L’Exode, c’est le départ du peuple d’Israël en direction de la terre promise par Dieu.

Comment en est-on arrivé là ?

On avait, dans Genèse, quitté Joseph et sa famille en pays d’Égypte, et on retrouve, en Exode, un peuple d’Israël nombreux, qui s’est multiplié de générations en générations à partir de la famille de Joseph. A tel point qu’ils sont maintenant détestés des Égyptiens qui les ont réduits en esclavage. C’est ainsi que les Israélites crient à Dieu, qui répond à leur appel.

L’Exode, c’est Dieu qui se souvient de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Il leur a promis une terre et une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel.

L’Exode c’est Dieu qui se suscite un homme, Moïse, qui sera le berger de son peuple. Il révèle son nom, YWHW, l’Eternel, à Moïse. Il lui démontre son omnipotence et l’accompagne dans son rôle de libérateur et conducteur du peuple d’Israël.

L’Exode c’est Dieu qui éduque et prend soin de son peuple pendant quarante ans dans le désert. Il agit miraculeusement envers son peuple pour le protéger, le nourrir, mais aussi pour lui apprendre l’amour, la fidélité et l’obéissance.

L’Exode c’est Dieu qui conclut une alliance avec son peuple. Il donne ses lois à Moïse et écrit le décalogue (dix commandements) pour que son peuple connaisse et suive les voies de l’Eternel.

L’Exode c’est Dieu qui est présent auprès des hommes, qui intervient dans l’histoire, qui aime sa création et son peuple, qui maîtrise les événements. L’Exode c’est : « L’Eternel est un Dieu plein de compassion et de grâce, lent à se mettre en colère, et riche en amour et en fidélité! » (Ex 34.6)

En trois parties, Moïse, l’auteur présumé de l’Exode, nous décrit la libération des Israélites (Ex 1-18), la conclusion de l’alliance sur le mont Sinaï (Ex 19-24) et les institutions cultuelles, la façon dont le peuple allait vivre avec l’Eternel au milieu d’eux (Ex 25-40).

Que Dieu vous fasse découvrir combien Exode 34.6 est vrai au travers de votre lecture !

Yann Lehman

Questions sur Marc – Episode I

questionQuelques personnes ont posé des questions sur l’Évangile de Marc. Afin que leurs questions profitent à tous, voici quelques extraits de questions avec leur réponses. Que d’autres n’hésitent pas à s’en inspirer pour des questions en commentaire sur ce blog, ou à lirelabible@gbeu.ch.

Sur Marc 2.21-22, on ne sait pas trop ce que ça veut dire dans le contexte.

« Personne ne coud une pièce de drap neuf à un vieil habit ; autrement le morceau neuf emporterait le tout et la déchirure serait pire. Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement le vin fait rompre les outres, et le vin et les outres sont perdus ; mais il faut mettre le vin nouveau dans des outres neuves. » Marc 2.21.22

Réponse : C’est lié avec ce qui précède sur les pharisiens et les disciples de Jean qui demandent pourquoi les disciple de Jésus ne jeûnent pas. L’idée c’est que Jésus apporte une situation et une réalité nouvelle, et que ça implique un nouveau cadre. La question sur le jeûne est l’occasion pour Jésus de mettre au clair qu’il n’est pas juste venu ajouter une ou deux petites réparations à la vie religieuse des juifs, mais qu’il fait vraiment du neuf. On ne peut pas juste prendre un peu de ce que Jésus apporte pour remplir les trous de l’ancienne alliance, on ne peut pas mettre le message de Jésus ( vin nouveau) dans le fonctionnement religieux juif (vielles outres). La question sur le jeûne allait dans ce sens « Jésus, pourquoi toi et tes disciples vous faites pas comme tous les autres juifs qui veulent être pieux », Jésus montre que justement il ne s’agit pas de continuer à faire ce qui s’est fait jusque là.

Sur Marc 3.29 : C’est quoi le blasphème contre le Saint Esprit ? Et pourquoi ça peut pas être pardonné ?

« En vérité, je vous le dis, tous les péchés seront pardonnés aux fils des hommes, ainsi que les blasphèmes qu’ils auront proférés ; mais quiconque blasphème contre le Saint-Esprit n’obtiendra jamais de pardon : il est coupable d’un péché éternel. » Marc 3.28-29

Sur le blasphème contre le Saint-Esprit, c’est un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre. Dans le contexte de Marc, c’est suite au fait que certains accusent Jésus de chasser les démons par le pouvoir de Béelzébul. En généralisant, ça voudrait dire « voir les oeuvres de Dieu clairement manifestées, et les attribuer au Diable ». Un autre passage, difficile aussi mais que l’on peut mettre en parallèle, c’est Hébreux 6.4-6. « Quant à ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste et ont eu part à l’Esprit saint, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du monde à venir et qui sont tombés, il est impossible de les amener à un nouveau changement radical (ici c’est mot qu’on traduit souvent par « conversion »). Car, pour leur propre compte, ils crucifient à nouveau le Fils de Dieu et le déshonorent publiquement. »

Ici, il s’agit de gens qui ont connu tout ce qu’il y a à connaître de Dieu et du salut, et qui se sont détournés quand-même. On peut voir là la raison qui fait que c’est sans retour : face à un tel endurcissement, rien de neuf ne peut les amener à nouveau à se repentir pour être pardonné. J’aurais donc tendance à dire que ce fameux péché contre le Saint-Esprit, c’est quand on a tout vu, tout connu, tout compris et qu’on s’est révolté tout de même, ce n’est pas que Dieu ne soit plus prêt à pardonner, mais c’est que de telle personnes ne sont plus prêtes à se repentir. Et c’est compatible avec le texte de Marc, dans le sens où ceux qui ont vu les actions de Jésus et veulent les attribuer au diable le font délibérément alors qu’ils ont vu l’action de Dieu. D’ailleurs le passage de Marc ne nous dit pas si les personnes à qui Jésus parle ont commis ce péché, ou bien si Jésus les averti avant qu’il soit trop tard du danger de la manière de penser qu’ils adoptent.

Et puis une précision, des fois on trouve des gens qui s’inquiètent en se demandant si ils ont commis le péché contre le Saint-Esprit, mais le fait de se poser la question prouve que ce n’est pas le cas. Quelqu’un qui serait dans cet état ne serait pas inquiet d’avoir fait quelque chose de mal envers Dieu, mais au contraire serait endurci dans son attitude, au pont de ne pas vouloir se rendre compte de sa situation, ou alors de s’en revendiquer. Quant à juger pour quelqu’un d’autre s’il est dans cette situation, je ne crois pas que ce soit vraiment possible, donc pour moi c’est surtout utile comme avertissement de se rendre compte qu’on ne peut pas jouer à se détourner de Dieu en pensant qu’on pourra toujours se repentir après, parce qu’à ce jeu là il y a un point où on n’est plus capable de repentance.

Marc 4.11-12 et 24-25 on comprend pas trop :

« Il leur dit : C’est à vous qu’a été donné le mystère du royaume de Dieu, mais pour ceux du dehors, tout se passe en paraboles, 12afin que tout en regardant bien, ils ne voient pas et qu’en entendant bien, ils ne comprennent pas, de peur qu’ils ne se convertissent et qu’il ne leur soit pardonné. » Marc 4.11-12

« Il leur disait encore : Prenez garde à ce que vous entendez. On vous mesurera avec la mesure avec laquelle vous mesurez et on y ajoutera pour vous. 25Car on donnera à celui qui a ; mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a. » Marc 4.24-25

Notons tout d’abord que quand Jésus dit cela, il n’est pas qu’avec les 12, mais avec un groupe plus nombreux qui l’entoure, qui n’est pas très bien précisé. Ce n’est pas la grande foule du verset 1, mais pas non plus juste les apôtres. Ce doit donc être ceux qui sont suffisamment intéressé pour vouloir en savoir plus, tandis que « ceux du dehors » (v.11) sont ceux qui ont écouté les paraboles et en sont restés là. Le verset 13 nous invite à voir ces paroles en lien avec la parabole du semeur, qui est racontée avant et expliquée après les versets qu’on considère. Chez certains, la parole de Jésus dite en paraboles produit du fruit, chez d’autres elle ne le fait pas.

Pour caractériser « ceux du dehors », Jésus reprend les paroles d’Esaïe 6.9-10. La prédication d’Esaïe était un moyen de jugement contre le peuple d’Israël rebelle, le fait qu’il prêchait le message de Dieu et n’était pas écouté venait confirmer la rébellion du peuple. Le message de Jésus est donné de manière énigmatique pour que ceux dont le coeur est bien disposé viennent chercher auprès de lui l’explication, mais que les autres n’y comprennent rien. On peut être étonné voir choqué par l’idée que le but est que ces gens ne se convertissent pas et ne soient pas sauvés. Mais à mon avis, ici comme dans Esaïe, le fait même que Dieu ne cherche pas leur conversion manifeste le degré de sa colère contre eux. Jésus est venu comme un sauveur, un Messie, comme l’ultime révélation de Dieu, mais il est aussi venu comme le Prophète promis en Deut. 18.18, qui vient dans le prolongement de tous les prophètes de l’Ancien Testament. Jésus va amener le salut pour le peuple juif (et toute les nations), mais il termine d’abord aussi le ministère de dénonciation des prophètes. Il est cependant moins absolu qu’Esaïe, puisque avec lui certains entendent et comprennent. Et le verset 4.22 montre que le côté secret de son enseignement ne durera pas toujours. Une fois sa mort et sa résurrection accomplie, ses disciples diront ouvertement et intelligiblement ce qui était énigmatique dans son enseignement, parce que dès lors le côté de condamnation a été accompli, et celui du salut peut avoir libre court. Sur les versets 24 et 25, déjà certaines traduction ont « prenez garde à ce que vous entendez », mais c’est surement plus juste de mettre « prenez garde à comment vous écoutez » (du point de vue de la grammaire grecque, les deux sont possibles). Ensuite cela met en lumière les conséquences de la manière d’écouter : ceux qui écoute de la bonne manière seront bien jugés, ceux qui écoutent mal seront mal jugés. Et il y a une mesure de grâce, puisque à ceux qui écoutent bien il sera encore ajouté. La parole concernant ceux qui ont et ceux qui n’ont pas est un avertissement, ceux qui commencent à se mettre à l’écoute de Jésus comprendront et recevront de plus en plus, ceux qui reçoivent mal son enseignement perdront même le peu qu’ils ont compris.

Pourquoi Jésus dit des fois aux gens de ne pas raconter ce qu’il a fait pour eux (ex. Marc 1.44 et 5.43) ?

« Jésus le renvoya aussitôt avec de sévères recommandations, et lui dit : Garde-toi de rien dire à personne, mais va te montrer au sacrificateur, et présente pour ta purification ce que Moïse a prescrit, afin que cela leur serve de témoignage. » Marc 1.43-45

C’est ce qu’on appelle le « secret messianique ». Jésus savait que ses miracles allaient le faire identifier comme étant le Messie, ou le prophète qui devait venir, etc. Ce qu’il était bien sûr, mais le problème c’est que les gens s’attendaient à ce que le Messie soit celui qui allait chasser les romains (païens !) de la terre d’Israël, régner sur les juifs et leur rendre leur indépendance, voir leur donner la domination sur les autres nations. Or Jésus savait que ce n’était pas par ce chemin là que son règne allait venir.

D’autre part se signaler trop tôt aurait pu conduire à ce qu’il soit exécuté avant d’avoir enseigné ce qu’il voulait enseigner. On peut voir un exemple de ces problèmes en Jean 6.14-15

« Ces gens, ayant vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde. Et Jésus, sachant qu’ils allaient venir l’enlever pour le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne, lui seul.« 

Ailleurs il donne une interdiction de parler portant plus spécifiquement sur sa messianité (N.B. Messie = Christ ; messie en hébreux, christ en grec)

« Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis ? Pierre lui répondit : Tu es le Christ. Jésus leur recommanda sévèrement de ne dire cela de lui à personne.  » Marc 8.29-30.

On voit là que juste après que Pierre confesse Jésus comme Christ, Jésus commence à expliquer aux disciples que ça va passer par sa mort et sa résurrection, et ça n’entre pas dans la vision de Pierre du Messie (Mc 8.31-33). Au passage, Jésus dit à l’ancien démoniaque de la question précédente de raconter ce que Jésus a fait, parce que lui vit dans un pays de païens qui ne vont pas tout de suite tirer des conclusions messianiques.

Marc 9.11-13 : si on a bien compris ça se réfère à Malachie 4.5-6 ( ou 3.23-24 dépend les traductions). Elie c’est qui dans ce contexte ? Comment faut-il comprendre qu’il va tout remettre en ordre ? C’est quoi le jour du Seigneur/ de l’Eternel ?

« Voici : moi-même je vous enverrai

Le prophète Élie

Avant la venue du jour de l’Éternel,

(Jour) grand et redoutable.

Il ramènera le cœur des pères à leurs fils

Et le cœur des fils à leurs pères,

De peur que je ne vienne frapper le pays d’interdit. »

Malachie 3.23-34

« Les disciples lui posèrent cette question : Pourquoi les scribes disent-ils : Il faut qu’Élie vienne d’abord ? Il leur répondit : «  Élie vient d’abord et rétablit toutes choses  ». Comment est-il écrit du Fils de l’homme qu’il doit souffrir beaucoup et être méprisé ? Mais je vous dis qu’Élie est venu et qu’ils l’ont traité comme ils l’ont voulu, selon ce qui est écrit de lui. » Marc 9.11-13

Sur Marc 9.11-13, on peut voir les choses un peu plus clairement en Matthieu 17.10-13. Donc dans ce contexte, Jean-Baptiste est l’Élie qui devait venir. L’idée qu’Élie va tout remettre en ordre est un résumé de ce que les scribes attendaient avec le retour d’Élie, et le mot grec pour rétablir est le même mot utilisé au début de Malachie 3.24 (ou 4.6) dans la traduction grecque de l’AT. Dans le texte de Malachie, il s’agit de rétablir des relations juste au sein du peuple. En un sens, Jean-Baptiste est venu appeler le peuple d’Israël à la repentance pour préparer la venu de Jésus, il a remis un certain nombre de choses en ordre, ce qui fait que Jésus lors de sa venue a trouvé des personnes prêtes à l’accueillir, et n’a pas eu que des paroles de jugement à prononcer. En même temps, on peut se demander si ce que JB a fait était vraiment « rétablir tout », ou bien s’il n’a fait que commencer, et que son travail a été interrompu par sa mise à mort (« ils l’ont traité comme ils ont voulu »), dans ce cas c’est Hérode qui porte la responsabilité de ce JB n’a pas « tout rétabli ».

Le jour du Seigneur désigne d’une manière générale le jour où Dieu va agir de manière décisive pour changer la situation du peuple de Dieu, pardonner ses péchés, le ramener de son éloignement, juger ses fautes. Par rapport à JB, le NT lui applique Malachie 3.1, JB est le messager qui ouvre le chemin, ensuite de quoi le Seigneur vient dans son temple comme messager de l’Alliance. Donc quand Jésus vient , qu’il prononce des jugements contre le peuple rebelle, qu’il l’appelle à changer, qu’il meurt pour ses péchés, ressuscite et entre dans sa gloire, c’est le jour du Seigneur qui est là. Mais il y a aussi un côté où les prophéties de l’AT montrent un peu tout ensemble sans faire de chronologie, et une chose qui est devenue apparente avec Jésus c’est qu’une partie des prophéties (pardon des péchés, don de l’esprit, etc.) concernait sa première venue, et qu’une partie concerne son retour final pour le jugement dernier.

Que penser du récit où les femmes trouve la tombe vide de Jésus, il semble être différent dans chaque évangile.

Sur les récits où les femmes trouvent la tombe vide de Jésus, c’est vrai qu’il y a des différences. Les noms des femmes mentionnées ne sont pas toujours les mêmes : tous le monde est d’accord sur Marie de Magdala ; Jean ne mentionne qu’elle, les 3 autres évangiles citent elles et une autre Marie, Matthieu ajoute Salomé, Luc une Johanna et d’autres femmes encore. Seuls Matthieu et Jean montrent une apparition personnelle de Jésus à la/aux femmes, et les autres détails varient aussi.

Quelques remarques sur tout ça :

      • Du point de vue de savoir si le récit décrit quelque chose qui s’est réellement passé, ces différences sont plutôt une bonne chose : si chaque récit était un copier-coller des autres, on dirait que les évangélistes se sont mis d’accord. Comme dans une affaire criminelle, le fait qu’il y ait des différence donne plutôt plus de crédit au récit des femmes : chaque évangéliste a transmis ce que ses sources permettaient d’affirmer. Mis ensemble, il reste au moins le fait que le tombeau était vide et le fait que Marie de Magdala était une des premières à voir ce fait.

      • Je reprends une remarque d’un pasteur, il se peut que lorsque les évangélistes citent quelqu’un par son prénom, c’est qu’il s’agit d’une personne qui est encore en vie pour témoigner, ou que des gens qui sont en vie ont connu. Si les noms sont cités pour que les personnes puissent confirmer le récit, ça serait assez logique que chaque évangéliste ne cite que les personnes dont il a le témoignage de manière sûre, voir de manière directe. Ça peut expliquer les listes différentes de femmes qui s’y trouvent.

      • Dans cette idée, vous voyez dans l’évangile de Jean, le passage de Marie de Magdala au tombeau tient en une ligne. Mais le passage de Pierre et Jean au tombeau en prend 9, ce qui est résumé en 1 verset en Luc 24.12 (avec seulement Pierre), et pas du tout chez les autres. Ça se comprend bien si c’est Jean qui écrit : il n’était pas au tombeau avec Marie, mais il se rappelle de Marie qui vient lui dire que Jésus n’y est plus, il se rappelle d’y être allé avec Pierre, il se rappelle de ce qu’il a vu. Il écrit donc d’après les sources qu’il a.

Donc bref, ça n’est pas très inquiétant pour la véracité de l’histoire, mais ça pose des questions sur l’inspiration des écritures, sur la vision qu’on en a. Pour moi je préférerais pouvoir dire que chaque mot est exact dans son sens le plus littéral et donne une description précise des choses telles qu’elles se sont passées, au détail près. Mais ces textes nous forcent à prendre une vision un peu plus nuancée, de voir que Dieu a employé les moyens humains de transmission, et qu’il n’a pas supprimé les variations que cela implique. C’est encore un témoignage de la manière dont Dieu a choisi de faire avec les hommes, avec nos moyens tels qu’ils sont. Je crois en l’inspiration parce que si Dieu a agi pour le salut, il ne va pas laisser le récit de son action se perdre au point qu’on ne sache plus ce qu’il a fait, et dans ces récits je crois que les détails qui varient ne vont pas remettre en cause ce qui s’est passé d’important. Je ne suis d’ailleurs pas sur qu’il y ait des contradictions formelles, au sens où il faudrait forcément qu’un des évangiles serait faux, en désaccord avec ce qui s’est réellement passé (s’il y a eu 3 ou 10 femmes au tombeau, Jean ne dit rien de faux en disant que Marie de Magdala y est allée, par exemple).

Marc 16.17 : quand il dit  » voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru », il veut dire quoi exactement?
Il faut qu’on s’inquiète si on parle pas en langues et qu’on chasse pas des démons…?

« Voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : En mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris. » Marc 9.17-18

Sur l’évangile de Marc il faut savoir que beaucoup des plus anciens manuscrits s’arrêtent au verset 16.8, et que certains ont une autre fin que ce qu’on a d’habitude dans nos Bibles (il en existe 4 ou 5 différentes). Comme le verset 8 fini en queue de poisson, on pense que la fin originale de l’évangile de Marc a été perdue tout au début de la circulation de l’évangile, et que d’autres fins ont été écrite pour compléter ; c’est pour ça que Marc 16.9-20 ressemble un peu à un résumé de ce qu’on trouve dans les autres évangiles. Comme disait mon prof de Nouveau Testament, il ne faut pas établir une doctrine uniquement sur la base d’un passage contesté, du coup ce qu’il faut faire avec ça c’est se demander ce que le reste du NT nous conduit à penser sur cette question. Dans cette idée, je crois que le NT montre que parmi les disciples de Jésus, certains ont montrés ces signes (serpent : Actes 28 ; chasser les démons : souvent dans les Actes ; breuvage mortel :… pas à ma connaissance ; guérison des malades : partout dans les Actes, surtout au début ; parler de nouvelles langues : Actes 2, 1 Corinthiens 14, etc.), et que ces signes ont servi à confirmer le message de l’évangile. Pour autant, je crois pas que chaque chrétien de l’époque faisait tout ça, et le but de ces signes n’est pas de prouver qu’untel est un vrai chrétien, mais de faire que l’Évangile soit reçu. Donc je crois pouvoir être clair, il n’y a pas besoin de s’inquiéter juste parce qu’on fait pas tout ça. Faut-il tout de même chercher davantage à vivre et voir ces choses ? Je vous laisse en juger…

Jean-René Moret

A suivre : 2 autres questions ayant particulièrement traits aux démons dans le même évangile.

Luc

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La préface de l’Évangile de Luc nous donnes plusieurs informations intéressantes. Luc est conscient de ne pas être le premier à écrire au sujet de Jésus, il avait donc connaissance de textes écrits avant lui, ce qui explique les similarités avec les évangiles de Marc et Luc – la question de savoir s’il avait accès à ces évangiles ou plutôt à des textes plus primitifs reste ouverte.  Il s’est donné la peine de vérifier ses sources et a eu l’occasion d’interroger des témoins visuels. Il souhaite faire une exposition suivie des évènements, ce qui signifie qu’il organise aussi les données qu’il a à sa disposition. Luc souhaite faire un travail d’historien, il donne passablement de détails, et lorsque d’autres sources nous permettent de vérifier ces détails (géographique, responsables politiques, etc.), sa précision est impressionnante.

Son organisation est d’abord chronologique : début du ministère de Jésus en Galilée, puis chemin vers Jérusalem dans les chapitres 9 à 19, enfin le conflit ouvert avec les chefs religieux, le procès, la mise à mort et la résurrection.

Luc a aussi plusieurs intérêts particuliers qui transparaissent dans sa manière d’organiser ses matériaux. Il se soucie des pauvres et du bon emploi des richesses; ce que l’on appellerait la justice sociale est mise en avant. On y voit particulièrement l’intérêt de Jésus pour les exclus, les mal-aimés en tous genre (lépreux, pauvres, enfants, etc.)  Luc s’intéresse aussi à la question de l’extension du plan de Dieu à toutes les nations – et pour cause, il est lui même d’origine grecque. C’est aussi pour cela qu’il met en avant les récits montrant l’attitude de Jésus envers les samaritains, peuple semi-païen, que les autres évangiles mentionnent  aussi, mais moins.
Luc voit aussi particulièrement l’importance de la prière, il mentionne soigneusement que Jésus prie aux moments clés de son ministère : baptême, choix des disciples, etc.  Cette importance de la prière dans la vie de Jésus doit aussi servir de modèle à ses disciples.

Il faut encore noter que Luc est un Évangile qui se finit de manière ouverte : les Actes en constituent la suite, Luc livre presque une histoire des débuts de l’Église en deux volumes.

Jean-René Moret

Marc

Représentation du baptême de Jésus

Représentation du baptême de Jésus

Le plus court et le premier des évangiles, Marc est écrit dans un langage simple, rendant un rapport actif de la vie et de l’enseignement de Jésus, le Messie (8.29) et Fils de Dieu (15.39), qui a été rejeté par son propre peuple mais confirmé par Dieu au travers de sa résurrection.

Dans son évangile Marc peint une image vivante de Jésus comme Messie (Sauveur) que nous ferions mieux de ne pas ignorer. Il a largement organisé son travail chronologiquement, avec beaucoup d’emphase sur le travail de Jésus en Galilée et la semaine finale de sa vie. Il écrivait pour ceux qui n’étaient pas d’arrière-plan Juif, car il explique souvent l’histoire et les traditions juives. Il se pourrait bien qu’il ait eut un lectorat romain.

Marc est le seul évangile qui contient le mot « évangile », qui signifie « bonne nouvelle », et il voit clairement le Christ comme une bonne nouvelle pour tous : bonne nouvelle prophétisée par Esaïe (1.2-3) et préparée par Jean le Baptiste (1.2-8).

L’église primitive était unanime pour dire que l’auteur en était Jean Marc. Beaucoup croient que c’est le premier évangile à avoir été écrit, à la fin des années 50 ou au début des années 60, quand la persécution romaine des chrétiens était en augmentation.

La personne de Jésus

Marc introduit son évangile en se concentrant sur « Jésus-Christ, Fils de Dieu » (1.1), en déclarant immédiatement qui il était :

  • Christ (Grec) ou Messie (Hébreux), signifiant “celui qui est oint”, le sauveur choisi par Dieu. Alors que les contemporains de Jésus attendent un messie militaire, Jésus amènera la délivrance d’une manière très différente (8.27-32).

  • Fils de Dieu, comme Dieu le déclare lui-même (1:11; 9:7) et comme les soldats à la croix l’ont reconnu (15:39).

Le titre favori que Jésus se donnait, était « Fils de l’Homme » parce que son sens n’était pas immédiatement compréhensible. Mettant ensemble deux idées clefs de l’ancien testament – le Fils de l’Homme en tant que figure divine et glorieuse (Daniel 7.13-14) et en tant que figure bassement terrestre (Psaumes 8.5) – ce qui résume exactement les deux aspects de la nature de Jésus en tant que Dieu et homme.

Le pouvoir de Jésus

Marc présente Jésus comme un homme d’autorité et d’action : il chasse des démons, guéri des malades, pardonne les péchés, contrôle la nature et il est même plus puissant que la mort (lors de miracles et lors de sa propre résurrection). Un homme qui montre un amour pour chacun indépendamment de son histoire. Il appelle ses disciples à faire de même (3.14-15; 6.6-13).

A quel point suivons-nous l’exemple de Jésus laissé à ses disciples ?

Stéphane Berger

Royaume de Dieu

Statue_briseeCe billet fait suite à quelques questions sur le royaume de Dieu, qui se résument ainsi:

– Le royaume de Dieu commence à l’époque de Jésus (Mt 3.2, 4.17), comment se fait-il que les royautés humaines n’aie pas disparu?

– En particulier Daniel 2 montre une statue qui représente les royautés terrestres et une pierre représentant le royaume de Dieu, et qui détruit la statue et rempli toute la terre.

– Si le Royaume de Dieu commence avec Jésus, qu’en était-il des gens dans l’Ancien Testament? N’y avaient-ils pas accès?

 
Sur le Royaume de Dieu, je crois que le début de la réponse c’est la notion de « déjà » et de « pas encore » suite au ministère de Jésus. L’accomplissement des promesses de l’AT est en Jésus Christ, et Jésus peut parler du Royaume comme une réalité présente p. ex :

« Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur répondit: Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards.  On ne dira point: Il est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. » Luc 17.20-21.

Mais en même temps, c’est une réalité qui se développe, qui progresse, et qui sera totalement accomplie dans le futur – Marc 4.26-32 et Matthieu 13.31-33 montrent en image le royaume comme quelque chose qui grandit progressivement. On voit aussi par exemple en Matthieu 7.21-22 que Jésus parle de l’entrée dans le royaume comme quelque chose qui concerne « en ce jour-là », à savoir un accomplissement futur. Globalement le temps présent est un temps où on le royaume de Dieu se manifeste au travers des chrétiens et où on peut en goûter une partie, mais le temps où toute la terre donnera gloire à Dieu, le temps où le royaume sera accompli, cela reste encore à venir.

Concernant la prophétie de Daniel, je crois que ce qu’il a vu est une vision condensée, le royaume de Dieu a fait irruption, il est entrain de grandir, et finalement il remplira toute la terre. Un de mes profs disaient que les prophéties de l’AT, c’est souvent comme quand on regarde un paysage de montagne de loin, on a l’impression que toutes les montagnes sont à la même distance. Mais si on se rapproche ou que l’on prend de la hauteur, on voit qu’en fait il y a plusieurs chaines à plusieurs distances. Les prophètes voyaient les choses de loin, en les lisant ont peut avoir l’impression que le jour où le messie allait venir et le jour où tout serait accompli était tout en même temps. Ce qu’on a vu avec la venue de Jésus, c’est qu’il y a un « temps entre les temps », un moment où les promesses de Dieu sont d’un côté déjà accomplie en Jésus, mais où le règne final de Dieu n’est pas encore pleinement manifesté sur toute la terre.

Pour les gens de l’AT, une manière de progresser sur cette question c’est de lire Hébreux 11, où d’après moi on voit que les croyants de l’AT ont vu de loin ce qui était promis et que nous avons reçu. Ils ne l’ont pas reçu leur vie durant, parce que sans Christ cela n’était pas possible, mais je n’ai pas de doute que ceux qui sont mort dans cette attente ont obtenu ce qui était promis lorsque Jésus est venu (en laissant de côté la question de savoir si ils ont perçu un temps d’attente après leur mort, ou si tout se passe dans 2 temporalités différentes, etc.).  Ce que Christ a fiat, nous en bénéficions comme une chose accomplie, alors qu’eux l’attendaient comme une chose à venir, mais en attendant la promesse de Dieu, ils manifestaient la foi en Christ qui allait venir, même si c’était moins clair pour eux que pour nous aujourd’hui.

Jean-René Moret

Kit de lecture de la Bible

Un exemple de matériel pour lire la Bible

Après quelques semaines de lecture régulière de la Bible, il peut être utile de rassembler quelques outils pour se l’approprier plus en profondeur. Je ferai le tour des outils que je juge utiles dans cette activité d’endurance que représente la lecture systématique de la Bible.

Une Bible

Outil de travail principal du lecteur assidu, une Bible adaptée à ses besoins spécifiques est le seul objet indispensable de cette liste. Ayant le privilège, en français, d’avoir plusieurs traductions de la Bible de qualité, il revient à chaque lecteur de choisir la traduction et le format de Bible qui correspondra le mieux à ses besoins. Si le lecteur aime prendre des notes à même le texte, il pourra prendre un Bible bon marché (p.ex. Segond 21 à 2.50 CHF). Si le lecteur préfère les nouvelles technologies il prendra une version numérique. Si le lecteur est nomade, il optera pour une bible de format réduit. Alors que le lecteur possesseur d’une bibliothèque n’aura aucun inconvénient à opter pour une Bible d’étude. L’important étant d’avoir un accès aisé au texte.

Un calendrier de lecture de la Bible, un agenda et une montre

Bien qu’immatérielle, la gestion du temps / des priorités / de sa vie est un facteur primordial dans la lecture sur le long terme de la Bible. Il est important de « s’asseoir avant de commencer à bâtir » afin d’évaluer de quelles ressources nous avons besoin pour mener à bien ce projet. Dans son livre « Si tu veux aller loin », Ralph Sallis mentionne un temps moyen de lecture par chapitre de 5 minutes. Je propose en plus de ce temps de 10 minutes (en moyenne le guide propose 2 chapitres par jour en suivant le canevas de lecture en 2 ans), de réserver quelques minutes supplémentaires d’étude proprement dite et de prière (sujets d’un autre article). Une fois ce besoin en temps évalué, il s’agit de prendre le temps nécessaire dans nos agendas. Un outil puissant pour y arriver est l’utilisation des habitudes. Je m’explique : plus que de définir une heure précise, il s’agit de définir un déclencheur au temps de culte personnel. Par exemple, le fait d’aller se coucher déclenche en nous l’habitude de nous brosser les dents, et ce que ce soit 21h30 ou 1h du matin. D’une même manière, il est possible de définir un événement quotidien déclencheur du temps d’étude personnel, dont voici quelques exemples possibles : juste avant ou après le petit déjeuner (ou un autre repas de la journée), un long trajet quotidien en transports publics, le premier temps libre (par exemple au retour chez soi après l’activité principale de la journée). A chacun de découvrir combien de temps il a besoin prendre pour étudier la Bible et prier seul, et quand le placer.

De quoi écrire

Garder une trace des passages étudiés, des versets qui nous ont stimulés, des applications que nous en avons retirées, permet à la fois de revenir sur ces points pour les assimiler davantage et de répondre à notre besoin de visualiser notre développement (ce qui peut aussi être un sujet de reconnaissance envers Dieu). Comme l’affirme l’adage populaire « les paroles s’envolent, les écrits restent ». A chacun ses habitudes de stockage de l’information, l’écrit me semble néanmoins un moyen très adapté à nos vies d’étudiants. Un carnet, un stylo, un surligneur, et nous voilà parés pour recenser les trésors découverts lors de nos temps à étudier la Bible.

« Tout scribe instruit de ce qui regarde le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes »

Matthieu 13.52, nouvelle édition de Genève

Stéphane Berger

Sur la notion d’alliance

arc_en_cielUne notion que l’on retrouve tout au long de la Bible, et que l’on voit déjà bien mise en oeuvre dans la Genèse, est la notion d’alliance. Il s’agit d’un engagement entre deux parties, qui fait souvent intervenir un serment, et qui crée des obligations mutuelles entre les partenaires de l’alliance.

Une alliance de l’époque n’est pas d’abord un contrat qui se concentre sur un certain nombre d’action déterminées à effectuer, mais c’est un engagement qui crée une relation spécifique, où la loyauté est essentielle.

Le sens du serment est d’appeler une sanction sur celui qui ne respectera pas l’alliance. Un rite courant pour conclure une alliance, que l’on voit dans Genèse 15 mais aussi dans des documents du proche-orient ancien, consiste à couper des animaux en deux, et les deux parties passent entre les animaux. Par là, on dit « si je ne respecte pas mes engagements, que je sois coupé en deux comme ces animaux ». D’ailleurs, le mot hébreu pour conclure une alliance signifie « couper », en lien avec ce rite.

Un traité d’alliance typique fait apparaître un historique des relations entre les deux parties, les engagements de la partie la plus forte et ses exigences, ainsi que des bénédictions pour celui qui respecte l’alliance, et des malédictions contre celui qui ne la respecte pas.

La notion d’alliance apparaît explicitement pour la première fois en genèse 9, dans l’alliance avec Noé, mais elle reviendra régulièrement dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, avec la volonté de Dieu d’être dans une relation d’alliance avec l’homme, et le problème que pose l’infidélité des hommes face aux alliances de Dieu.

Matthieu

Une généalogie. Drôle de manière de commencer un Évangile. Mais par là, Matthieu montre la continuité entre la vie de Jésus et toute l’histoire du Peuple de Dieu dans les millénaires précédents. Et c’est un des soucis qui transparaît souvent chez Matthieu, montrer comment Jésus prolonge et accomplit l’histoire d’Israël, comment aussi il accomplit l’Écriture d’Israël.

Jésus, une autre royautéIl faut se figurer un peu le contexte de la Palestine au premier siècle. Israël se considérait comme le peuple de Dieu, au bénéfice d’une Alliance avec lui, mais était occupé par les romains, une nation païenne. Pour les juifs, les païens étaient des moins que rien, et cette situation était donc une situation de honte. Et la manière dont ils l’expliquaient, en accord avec la Loi de Moïse et les Prophètes, c’est qu’ils n’avaient pas été fidèle à l’Alliance de Dieu et subissaient la punition de leur faute. Mais ils attendaient un jour où Dieu agirait de manière décisive pour changer leur situation, pardonner leurs péchés et les libérer de leurs ennemis. Cela se produirait au travers de Messie, personnage choisi par Dieu pour accomplir son plan. Souvent, ce Messie était vu comme un chef militaire qui mènerait une insurrection contre les Romains et purifierait la terre d’Israël de ses occupants païens.

Régulièrement dans l’Évangile, Jésus parle du Royaume de Dieu, enseigne sur ce qu’est le royaume de Dieu, manifeste par des miracles que le Royaume de Dieu est présent, et il associe le Royaume de Dieu à sa personne. En faisant cela, il revendique pour lui les attentes des juifs de l’époque, mais il s’en distingue aussi en n’en faisant pas la base d’une action militaire, et en montrant que le Royaume va aussi concerner toutes les nations – bref qu’il n’est pas contre mais pour les païens. Pour le reste, c’est la lecture des textes qui donnera la meilleure idée de ce que Jésus entend par le Royaume des cieux.

L’appellation d’Évangile selon Matthieu vient d’une remarque de plusieurs chrétiens des premiers siècles, selon laquelle l’apôtre Matthieu aurait été le premier à mettre par écrit les paroles de Jésus en langue hébraïque, et que ce premier « évangile » aurait ensuite été traduit en grec par plusieurs personnes séparément. On a donc traditionnellement identifié notre « Évangile selon Matthieu » (dont l’original est en grec) comme une traduction de l’évangile hébreux ou araméen de Matthieu. De fait, il se base très certainement dessus, mais l’auteur l’a aussi complété par d’autres sources et a probablement réorganisé l’ordre des paroles de Jésus pour en faire 5 grands discours (5–7; 10; 13; 18; 24–25) assez cohérents.
Quant à lui, le terme Évangile signifie bonne nouvelle, mais souvent plus spécifiquement la bonne nouvelle d’une victoire militaire établissant la paix. Il y a donc bien une victoire, mais qui passe par une croix et une résurrection plutôt que par une épée et un trône… à (re)découvrir!

Bonne lecture!

Jean-René Moret